samedi 31 janvier 2009

Sous l’eau

Plusieurs urgences (Urgence n.f. Nécessité d'agir vite) viennent de se signaler en même temps au sein du cabinet.

Une urgence naît quand un ou plusieurs clients vous sollicitent pour que vous rendiez une ou plusieurs consultations dans les plus brefs délais sur des points juridiques précis parce qu'une partie de leur modèle économique dépend de la réponse aux questions qu'ils vous posent. La consultation étant dans ce cas le probable préalable à un contentieux voulu ou subi par ledit client.

En effet, en matière de contentieux (n.m. Désigne l'ensemble des litiges relevant d'un tribunal ou d'un ensemble de juridiction), l’urgence peut s’avérer encore plus problématique. Dans ce type d’affaire, votre client est beaucoup plus tendu quand il s'adresse à vous. Il vous sollicite parce qu’il veut que vous défendiez ses intérêts en assignant une société ou un particulier ou parce qu’il souhaite que vous le défendiez au motif qu’il vient d’être assigné.

L’assignation (n.f. Acte de procédure civile qui permet à une personne (le demandeur) d'informer son adversaire (le défendeur) qu'elle engage un procès contre lui et l'invite à comparaître devant une juridiction) peut être « classique » quand elle implique vous vous constituiez pour le compte de votre client et que vous échangiez, sous le contrôle d’un juge de mise en état, des conclusions avec votre confrère adverse pendant parfois plusieurs mois avant qu’une audience de plaidoirie ne soit programmée.

L’affaire se complique quand sur autorisation du président du tribunal, le demandeur décide d’assigner votre client à jour fixe et même à heure fixe, sur autorisation du juge des référés.

Dans ce cas de figure, votre confrère adverse vous oblige à réagir dans un temps record, en lisant, analysant et décortiquant les nombreuses pièces et conclusions fournies qu’il produit à l’appui de sa demande car, cette fois, l’audience de plaidoirie aura lieu dans un temps très rapproché. Plusieurs semaines tout au plus.

Quand les collaborateurs et associés du cabinet étaient déjà tous débordés avant même que ces clients ne les sollicitent et que l’une des questions juridiques posées par ces demandes de consultations urgentes ou par ces assignations à jour fixe concerne directement le domaine de compétence de votre département, cela fait immédiatement de vous un homme…sous l’eau.

mercredi 28 janvier 2009

Dans la peau d'un plaideur

Depuis mon arrivée au cabinet, j’ai eu, outre quelques consultations à réaliser, de nombreux dossiers contentieux sur lesquels travailler. Certains arrivent en ce moment dans la période où ils vont devoir faire l’objet d’une plaidoirie.

Même s’il est rare de plaider quand on est un jeune junior (sic), un mélange de concours de circonstances (l’absence d’un collaborateur) et d'insistance de ma part m’a permis d’avoir la chance de plaider deux affaires.

Cette semaine, j'ai plaidé une troisième affaire qui m’a finalement donné l’impression d’être la première. Concernant les deux autres dossiers, je suis en effet arrivé au cabinet à un stade où ils étaient déjà bien avancés et où l’essentiel des éléments de fond du dossier avait été discuté.

Cette fois, les moindres mots, (piques) et autres répliques étaient de moi, ce qui rendait l’exercice de plaidoirie d’autant plus intéressant.

Même si je ne me considère pas comme quelqu’un de particulièrement timide, j’avoue qu’avant de prendre la parole, j’ai senti un stress (inhabituel) m’envahir à l’idée de devoir parler devant les juges, en présence de mon client ainsi que devant un public de curieux venu pour l’occasion. (Certaines chambres du TGI de Paris étant souvent fréquentées par des personnes qui assistent aux audiences comme elles iraient voir un film au cinéma).

Mais passé cet instant de doute, la « machine » a fini par se mettre en route, les mots se sont enchaînés, le ton est devenu plus sûr et les jeux de manches (et de mots) se sont faits plus réguliers.

L'instant qui a suivi cette plaidoirie, je n'ai pu m’empêcher de me dire que c’est (aussi) pour vivre ces moments là que j'ai voulu devenir avocat…

mercredi 21 janvier 2009

CON-FRA-TER-NI-TE

Plus le temps passe et plus j’apprends des avocats de mon cabinet et des confrères adverses.

La déontologie veut que l’avocat de la partie adverse ne soit pas un adversaire mais un confrère, soit un membre de cette grande famille qu’est l’Ordre des avocats du Barreau dont vous faites partie. La confraternité impose que vous vous comportiez à son égard avec courtoisie. Il doit y avoir de la considération des jeunes envers les anciens et une bienveillance de ces mêmes anciens à l’égard de leurs jeunes confrères.

Voilà pour le principe. En pratique, j’ai pu constater pendant mes stages que la confraternité n’empêchait pas les conclusions envoyées volontairement à la dernière minute ou très tard le soir, la veille d’une audience.

J’ai pu m’apercevoir également (et c’est là quelque chose que les clients ont souvent un peu de mal à comprendre) que les avocats qui s’affrontent avec véhémence devant le tribunal peuvent être les meilleurs amis du monde et tombés quasiment dans les bras l’un de l’autre l’instant qui suit le moment où le juge lève l’audience.

Les avocats d’expérience ont parfois tendance à conseiller aux plus jeunes de se méfier de la confraternité trop affichée du confrère adverse qui précède souvent le coup bas auquel on ne s’attend pas.

Avant même que la pratique finisse par m'en apprendre plus sur ce point, je me tiens donc sur mes gardes…fort des témoignages des « sages » qui m’entourent.

mercredi 14 janvier 2009

Le cercle vertueux

Le travail d’un collaborateur réputé comme différent de celui d’un associé (certains prétendant, à tort ou à raison, que ce dernier passe plus de temps à dénicher de nouveaux clients qu’à travailler sur les dossiers du cabinet) est par moment similaire, du moins quant à ses conséquences.

Quand un cabinet se fait connaître auprès de clients potentiels pour son expertise ou son professionnalisme, les associés du cabinet se voient solliciter de toutes parts par lesdits clients. À partir de cet instant, leur boulot consiste à déterminer si le travail demandé est réalisable, si oui en combien de temps et enfin, combien il est raisonnable de facturer ledit travail.

L’effet pervers du bouche-à-oreille en faveur d’un cabinet est qu’il arrive souvent que les dossiers s’accumulent et comme il est de jurisprudence constante que « le travail ne se refuse pas » (surtout en temps de crise), c’est au final les collaborateurs et dans une moindre mesure les associés qui se retrouvent à devoir gérer ce travail « surabondant ».

Ce cercle vertueux ou vicieux (tout dépend de quel côté on se place) a son équivalent chez les collaborateurs.

Quand un associé s’aperçoit qu’un collaborateur rend dans les temps voire plus tôt que prévu un travail correct et soigné, il est tenté de lui déléguer progressivement toujours un peu plus du travail dont il est déjà lui-même surchargé ou qu’il aurait d’ordinaire confié à un autre collaborateur du cabinet. La confiance placée en ce collaborateur a donc pour conséquence directe de lui donner plus de travail sur lequel il se devra d’être irréprochable.

De la même façon que le bouche-à-oreille étroitement lié à l’écho qu’auront eu les affaires ou les dossiers sur lesquels le cabinet est intervenu qui a pour conséquence directe que de nouveaux clients le sollicitent, l’idée qui circulera dans le cabinet que vous êtes efficace dans les dossiers que l’on vous confie aura, à très court terme cette fois, un effet direct sur votre charge de travail.

Ou travailler plus pour gagner plus…d’affaires sur lesquelles travailler…

vendredi 9 janvier 2009

« Dites-moi, vous êtes sur quoi en ce moment ? »

Ce qui est intéressant quand on est dans un cabinet d’avocat depuis bientôt 3 mois c'est que l'on commence à connaître les habitudes de langage des uns et des autres.

Certaines sont propres aux avocats de mon cabinet quand d'autres sont les phrases classiques prononcées par tous les avocats associés de cabinet de moyenne ou grande taille.

Quand un avocat sait pertinemment que vous avez du travail et que ce travail vous prend déjà du temps ; quand il vient vers vous, il commence par vous dire « Dites-moi, vous êtes sur quoi en ce moment ? »

Une question censée laisser entendre qu'il se soucie de savoir ce que vous faites et si ce qu'il s’apprête à vous confier ne vous surchargera pas outre mesure.

La particularité de cette situation tient au fait qu'en réalité, à partir du moment où l'associé vient vous voir pour vous poser cette question (alors même qu'il vous sait débordé par le travail qu'il vous a lui-même confié ou qui vous a été confié par un autre associé du cabinet) c'est, à une exception près, qu'il finira, quelle que soit votre réponse, par vous confier le dossier urgent qu’il avait l’intention de vous communiquer.

La seule exception à ce « principe » tient au fait que vous ayez une urgence à gérer encore plus urgente que la sienne qui vous ait été confiée (sans qu’il en ait été informé), et ce, par un autre associé du cabinet…

Auquel cas, il demandera à un autre collaborateur de s’en occuper…

vendredi 2 janvier 2009

Quid de la clientèle personnelle ?

Il s’agit de l’une de mes nombreuses résolutions de l’année. Trouver du temps pour développer de la clientèle personnelle.

Mon état d’esprit est différent de celui de certains de mes jeunes confrères. D’aucuns prétendent (à juste titre ?) qu’un avocat est avant tout un juriste et que de ce fait, ignorer une potentielle clientèle personnelle au motif qu’elle ne s’inscrit pas directement dans notre domaine d’intervention, n’a pas de sens voire serait contre nature.

Un avocat serait avant tout un généraliste qui, par la force des choses et du fait de la clientèle qui se présente devant lui, deviendrait au fil du temps plus ou moins spécialistes de telles ou telles matières.

Ma conception est pour l’heure quelque peu différente. Je reconnais qu’il est possible avec un bon ouvrage et des recherches approfondies de répondre à des questions plus ou moins précises et d’intervenir dans un domaine qui n’est pas le mien, mais le temps que cela me prendra par rapport à un spécialiste de la matière (4 fois plus ?) me fait me dire que j’éviterai (du moins dans un premier temps) de m’y frotter.

Pour ce qui est de la clientèle qui me demanderait d’intervenir dans ma spécialité, je suis de plus en plus impatient d’y être confronté, même si une certaine appréhension se fait tout de même sentir.

L’avocat, aussi bien dans les conseils qu’il offre que dans les affaires sur lesquelles il intervient, peut voir engager sa responsabilité professionnelle et sera jugé en permanence par le client aussi bien sur la qualité des projets de consultation et de conclusions qu’il lui remet.

Lorsque vous intervenez dans des affaires pour le compte du cabinet qui vous paie, votre travail est relu, corrigé et validé par quelqu’un de plus expérimenté que vous. Quand vous intervenez pour le compte d’un client personnel, vous travaillez sans filet.

Ainsi, développer très tôt une clientèle personnelle n’a rien d’anodin pour un avocat collaborateur junior. Ce qui rend finalement le défi d’autant plus intéressant à relever…