lundi 30 mars 2009

Surprise, surprises

Il y a des jours où vous pensez que ce métier est assez proche d’une science exacte. Qu’il suffit à votre adversaire de prendre les faits de les qualifier juridiquement de la manière qui lui semble la plus adéquate et que le juge se contentera de juger dans son sens.

Qu’en tant que demandeur ou défendeur, il suffira à votre confrère adverse de pointer du doigt une erreur qu’a pu commettre votre client pour que ce dernier soit débouté de toutes ses demandes.

Puis vient le jour du délibéré, vous vous rendez au Palais, vous lisez avec un stress non dissimulé la décision en commençant par la fin (impatient que vous êtes de lire l’essentiel à savoir le « Par ces motifs ») et vous découvrez que malgré les potentielles faiblesses de votre dossier, c’est bien votre argumentation qu’a retenue le juge et que ce dernier a fait droit à l’intégralité de vos demandes.

À cet instant, l’associé du cabinet le plus concerné par ce dossier (dont l’enjeu financier représente à peu de choses près 3 fois ce qu’il vous verse à l’année), éprouve les plus grandes difficultés à vous faire croire qu’il en vu d’autres dans sa carrière tant la joie (d’ordinaire très mesurée) se lit sur son visage. Il semble tellement heureux que vous avez, l’espace d’un instant, l’impression que vous pourriez lui demander n’importe quoi, cela vous serait immédiatement accordé.

La nouvelle se répand comme une traînée de poudres au sein du cabinet, tout le monde se félicite comme après une victoire de l’équipe de France de football suite à un match qui s’acheminait dangereusement vers un 0-0 et vous vous dîtes que ce métier peut vous offrir quelques jolies surprises.

vendredi 27 mars 2009

Plus vite que la musique

J’arrive dans une phase où tout s’accélère. Je me plais à croire que la phase dite d’observation est passée et que les associés du cabinet ont décidé de me jeter dans le grand bain.

Quoi qu’il en soit, au stade où j’en suis, je n’ai plus à gérer une ou deux affaires à la fois mais beaucoup plus. Assister aux entretiens clients ne suffit plus, il faut en plus de les préparer palier l’absence d’un associé et parfois s’apprêter à recevoir seuls les clients.

Le rythme s’accélère et les horaires s’en ressentent. Je finis donc un peu plus tard le soir mais le travail que l’on me confie a indéniablement plus de relief qu’à mes débuts.

Il faut donc aller vite tout en veillant à ne pas confondre vitesse et précipitation…

lundi 23 mars 2009

Formation continue

Un junior est, par définition, celui à qui il manque de l’expérience. Pour progresser, il doit pouvoir compter sur les plus expérimentés des collaborateurs et autres associés du cabinet dans lequel il exerce.

Parce que le temps est précieux, force est de constater qu'ils ont souvent peu de temps à consacrer à la formation des juniors de leurs cabinets. La formation d’un junior intervient donc majoritairement par l'intermédiaire des dossiers qu’il aura à traiter.

Votre formation tient notamment aux recherches que vous effectuerez afin de rédiger vos consultations ou vos conclusions mais découle aussi des contre arguments que vous lirez dans les écritures du confrère adverse.

Elle s’accentue quand l’associé qui corrige votre travail pointe du doigt les détails sur lesquels vous auriez dû insister, vos éventuelles lacunes, les réflexes que vous devriez avoir ou même (soyons fous) vos hypothétiques qualités rédactionnelles et organisationnelles.

A l’instar de l’adage qui veut qu’on puisse devenir forgeron à force de forger, la formation qui passe par le fait de déléguer au collaborateur la gestion pleine et entière des dossiers a le mérite de lui permettre d'apprendre en un temps record, avec toutefois l’écueil principal de le mettre dans une position assez inconfortable si le travail effectué n’est pas jugé à la hauteur des espérances.

lundi 16 mars 2009

Indispensable stagiaire

Le collaborateur junior que je suis n'a pas un accès privilégié à l'assistante. Elle est censée travaillée aussi pour moi mais le « aussi » fait toute la différence entre le principe et la réalité qui veut qu'elle n'ait pas le temps de gérer le travail que je pourrais être amené à lui confier.

Dans ces conditions, le stagiaire (que j'étais encore, il y a quelques mois de cela) se révèle d'une grande utilité. S'il n'est pas déjà pleinement dévoué à associé ou à un collaborateur plus expérimenté, c'est à lui que je peux confier le travail particulièrement chronophage qui ne serait pas rentable que je fasse.

Parce que je suis déjà passé par là, j'évite, autant que faire se peut, de confier aux stagiaires des tâches consistant uniquement à faire des recherches, des traductions et des photocopies.

Si je sais qu'il aura à m'aider dans un dossier, j'essaye de lui parler du fond de l’affaire, de mes choix et de mes interrogations afin qu’il évite de ressentir cette sensation propre à de nombreux stagiaires qui les poussent à croire qu’ils sont là, non pas pour apprendre et pour être formés, mais pour remplacer l’assistance débordée (ou absente) dans des tâches de secrétariat.

Un stagiaire s’avère très utile quand après une longue journée, je n’ai parfois plus la lucidité nécessaire pour faire correctement les dernières vérifications sur un dossier mais il l’est d'autant plus quand il vous donne un avis utile sur un dossier dont vous avez la charge, lui qui a bien souvent (exception faite du CAPA), les mêmes diplômes, le même âge et la même formation que vous.

lundi 9 mars 2009

Un métier formidable dans une conjoncture qui l’est moins

Actualité oblige, il m’arrive régulièrement de revenir sur la crise au sein des cabinets d’avocats, laissant parfois de côté le plaisir réel que j’éprouve à exercer ce métier.

Cette profession reste très agréable à exercer. Vous vous posez constamment des questions, vous tentez de trouver des réponses, vous cherchez à trouver des accords, vous recevez de nouveaux clients perdus qui vous demandent de les guider, vous répondez à de nouvelles questions et, cerise sur le gâteau, vous plaidez.

La plaidoirie est, pour l’heure, mon exercice favori. C’est ce moment où vous pouvez dire à haute voix ce sur quoi vous travaillez depuis des semaines face à des juges que vous devez absolument convaincre du fait qu’il n’y a qu’une seule et unique façon d'envisager cette affaire...La vôtre.

Il y a quelques jours, j'ai gagné la première affaire que j’ai eu à plaider pour le compte du cabinet. Assez égoïstement, j’ai donc la satisfaction d’avoir gagné la toute première affaire que j’ai eu à plaider dans ma carrière.

Même si j’ai appris à me méfier des bonnes impressions lors des audiences et à ne surtout pas vendre la peau de l’affaire avant que le verdict ait été prononcé, j’avais bon espoir que les juges fassent droit à mes demandes. Le sentiment que j’ai éprouvé en lisant la décision était assez unique.

J'ai à peine le temps de savourer cette victoire que mon calendrier de procédure me signale que cette affaire n’est que la première d’une longue série et que certains dossiers risquent malheureusement de ne pas connaître la même issue.

mercredi 4 mars 2009

Il se dit que…

Il se dit que la crise, dont tout le monde parle, provoque des charrettes de « licenciement » dans les gros cabinets d’avocats américains et français.

Il se dit que d’autres départs involontaires sont au programme dans le courant de cette année 2009 et que le climat devient délétère dans de nombreux cabinets.

Il se dit que les cabinets de moyennes et petites structures sont moins touchés que les autres.

Il se dit que les cabinets spécialisés dans le contentieux résistent très bien à l'inverse de ceux qui ont fait du conseil leur cœur de cible.

Il se dit d’ailleurs que le nombre de contentieux augmente de façon significative en période de crise.

Il se dit que les diplômés du CAPA n’ont jamais éprouvé autant de difficultés à trouver une collaboration après l’obtention de leur diplôme que ceux de la promo 2008.

Il se dit que le fait que vous fassiez un bon ou mauvais travail n’y changera rien puisque si votre cabinet est en grave difficulté, il devra tôt ou tard se délester d’un certain nombre de ses collaborateurs et associés au motif que sa survie en dépend.

Il se dit également qu’à l’image des banques et autres sociétés du CAC 40, certains structures virent des collaborateurs alors qu’elles restent largement bénéficiaires et ce, uniquement pour protéger leurs bénéfices et autres bonus.

Il se dit que les collaborateurs des cabinets ont plus de travail maintenant que les équipes des cabinets ont été considérablement réduites sans pour autant que les affaires à traiter aient suivi le même chemin.

Comme souvent, il se dit beaucoup de choses. Comme à chaque fois, certaines sont vérifiables quand d’autres ne le sont pas.