mercredi 27 mai 2009

Le privilège de l'âge

Plus le temps passe et plus il m'apparaît comme évident que l'un des éléments clef de ce métier tient dans le fait de savoir ménager les susceptibilités des uns et des autres.

Dans cette profession où l'ego est répandu il est, en effet, vivement déconseillé de dire ce que l'on pense au prétexte que cela correspondrait à la réalité.

Le cabinet d'avocats étant une structure dans laquelle la hiérarchie est assez marquée, il faut sans cesse garder à l'esprit qu'une idée, une suggestion ou une remarque, aussi légitime soit-elle, doit être dite avec tact aux confrères plus expérimentés.

L'associé peut se permettre d'être sincère, direct et froid avec ses collaborateurs là où le collaborateur (junior qui plus est) n'a droit à aucune saute d'humeur ni aucune remarque qui pourrait être interprétée d'une façon ou d'une autre comme désobligeante à l'égard de quelqu'un de plus expérimenté que lui.

Le collaborateur junior doit filer droit en attendant le jour où il pourra, à son tour, dire ce qu'il pense de la manière dont il jugera utile de le dire...

jeudi 14 mai 2009

Tant de cerveaux disponibles

Puisqu'elle est dans l'air du temps, je ne vois pas trop comment éviter de parler (une fois de plus) de ce sujet éminemment d'actualité qu'est la crise.

C'est donc la crise qui pousse de nombreux cabinets à ne plus recruter voire à remercier certains de leurs collaborateurs.

C'est la crise qui pousse les clients à reporter le paiement des honoraires d’avocats sine die voire à refuser de les régler.

C'est la crise qui oblige (permet ?) les associés à se séparer de leurs collaborateurs sans autre explication qu'un lapidaire : "Tu comprends, c'est la crise".

C'est la crise qui leur permet de demander à leurs collaborateurs d'accepter une réduction de 15 à 30% de leur rétrocession d'honoraires sans que ces derniers s'en offusquent. Conscients qu'ils sont qu'il vaut mieux travailler autant pour gagner moins, que ne pas travailler et donc ne rien gagner.

C'est la crise qui fait que le directeur de l'EFB nous annonçait récemment que (seuls) 600 élèves de notre promotion - sur la bagatelle de 1169 - avaient décroché une collaboration, alors même que dans 4 mois, une nouvelle promo de 1400 élèves obtiendra son CAPA et débarquera, à son tour, sur ce marché déjà saturé.

C'est la crise qui fait que des confrères acceptent des collaborations à mi-temps (faute de mieux) alors que d'autres se sont d'ores et déjà recentrés, pour les mêmes raisons, vers le métier de juriste d'entreprise.

C'est la crise qui fait que sur le marché du collaborateur, l'offre n'a probablement jamais été à ce point supérieure à la demande.

C'est elle qui fait que le temps de cerveau disponible du collaborateur est si bon marché et que tant de cerveaux sont disponibles…

lundi 11 mai 2009

Poker Face

Le métier d’avocat ne consiste pas seulement à défendre les intérêts d’un client en attaquant ceux qui lui font du tort ou, à l’inverse, à le défendre dans une action intentée par quelqu’un qui s’estime victime de ses agissements.

Il consiste aussi parfois à trouver un terrain d’entente afin d'éviter qu'une action soit engagée.

La transaction est un art assez subtil. La situation est toujours plus confortable quand on est celui qui a, sur le papier, toutes les cartes en main.

Reste que la transaction est une équation à plusieurs inconnues. Le côté aléatoire inhérent au contentieux devient, en effet, un argument de poids quand vient l’heure de négocier avec l’avocat de la partie adverse.

La crise aidant, l’avocat du demandeur peut être tenté d’obtenir, immédiatement, pour le compte de son client une somme significative plutôt que d’attendre, plusieurs mois, pour toucher devant les tribunaux une somme potentiellement plus conséquente.

L'intérêt d'une transaction pour celui qui versera la somme tiendra dans la différence entre la somme à laquelle il aurait pu être condamné et celle qu'il aura effectivement à verser dans le cadre du protocole transactionnel signé par les parties.

J’ai eu l’occasion de participer à quelques « négos » assez intéressantes depuis le début de ma collaboration.
Certaines d’entre elles m’ont convaincu du fait que la personnalité des avocats qui négocient a une grande importance est que comme en poker, il faut parfois amener son adversaire à croire que nos cartes sont meilleures que les siennes, pour remporter la mise.

lundi 4 mai 2009

Indispensable procédure

J'ai déjà parlé à de nombreuses reprises de l'importance de la procédure dans ce métier.

C'est notamment une connaissance pointue de celle-ci qui permet d'entrevoir une issue dans un dossier perdu d'avance et, à l'inverse, de tout perdre dans une affaire où la victoire nous tendait pourtant les bras.

Reste que la maîtrise des subtilités de la procédure est très souvent le fruit d'une longue expérience du contentieux.

L'un de mes profs à l'EFB n'arrêtait pas de dire que la procédure était très mal maîtrisée par les avocats et que ceux qui s'y connaissaient vraiment avaient un véritable boulevard devant eux.

Même si j'exerce ce métier seulement depuis 7 mois, tout porte à croire qu'il n'avait pas tort.

Je reste d'ailleurs toujours étonné de voir à quel point les avocats de mon cabinet qui peuvent se vanter de connaître la procédure sur le bout des doigts, pour l'avoir pratiquée depuis de nombreuses années, sont sollicités tant par leurs confrères novices en la matière (cf. moi) que par ceux spécialisés en matière de conseil, afin d'éviter autant que possible les mauvaises surprises propres au judiciaire.