dimanche 19 décembre 2010

Valeurs actuelles ?

Les générations d'avocats se succèdent et ne se ressemblent probablement pas.

J'en veux pour preuve les échanges que j'ai avec de jeunes confrères qui ne savent pas encore précisément quel avocat ils souhaitent devenir à moyen terme, mais sont d'ores et déjà convaincus qu'ils ne souhaitent absolument pas être soumis à la même pression et aux mêmes contraintes que les associés du cabinet dans lequel ils travaillent.

Si j'en crois leur vision, pour rien au monde ils ne voudraient de leur vie à moyen ou long terme.

Ils sont conscients, pour en avoir l'illustration sous les yeux jour après jour, que le prix à payer pour devenir et rester un associé de grandes structures est souvent (inévitablement ?) l'absence de vie privée en raison d'un quotidien inexorablement tourné vers le travail et ce, dans des proportions parfois proprement hallucinante.

Je vous fais grâce d'anecdotes à ce sujet qui pourraient dissuader, ne serait-ce que l'espace d'un instant, n'importe quel étudiant en droit d'envisager d'embrasser un jour cette profession.

La vision de quelques uns de mes confrères a quelque chose de rassurant d'autant que cela ne signifie pas, loin s'en faut, que celui qui a décidé de ne pas prendre son associé comme modèle de réussite désire exercer la profession d'avocat sur la base de 35 heures par semaine.

En clair, même s'il y aura toujours de jeunes avocats qui par ambition accepteront l'idée d'aller jusqu'à accepter l'inacceptable pour avoir une chance de devenir un jour associé, une grande partie d'entre eux a notamment très bien compris qu'être riche sans avoir le temps de dépenser son argent n'a que peu d'intérêt.

mardi 7 décembre 2010

La règle du jeu

Mon activité est plus tournée vers le contentieux que le conseil, mais force est de constater que même si le conseil aide parfois à prévenir le contentieux, le contentieux ne peut s’envisager (du moins, dans la position du demandeur) sans une première phase ressemblant à s’y méprendre à du conseil.

La problématique est la suivante : un client vient vous voir en vous expliquant que son dossier devrait lui permettre d’agir contre quelqu’un et de lui demander la réparation d’un préjudice qu’il subit. Il en est convaincu et c’est d’ailleurs pour cela qu’il vous charge d’intenter une action.

Dans ce cas de figure, le risque primordial est souvent de trop l’écouter vous certifier qu’il ne peut que gagner une affaire sans prendre le temps d’analyser, les forces mais surtout, les faiblesses du dossier.

Quand je reçois un client personnel ou que je gère l’un des clients du cabinet qui m’emploie, j’essaye de lui expliquer que le risque 0 de perdre n’existe pas. Qu’une action intentée sans succès l’obligera notamment à payer les frais d’avocat du défendeur (article 700 du CPC).

Même si le but n’est pas du tout de lui faire peur ni de le convaincre de changer d’avis, je pars du principe qu’il vaut mieux expliquer ce minimum à son client avant de lancer une procédure. Et ce, que son affaire soit ou non gagnée d’avance.

D’ailleurs, aucun procès n’est gagné d’avance et aucune condamnation n’est à 100% certaine.
Le droit et la procédure ont ceci de particulier qu’il suffit de peu de chose pour que la machine s’enraye.
Certains vont même jusqu’à soutenir que les juges sont des êtres humains qui peuvent donc se tromper et que le droit n’est pas une science exacte.

Quoi qu’il en soit, même si un client averti du risque n’en vaut pas deux, il me semble préférable de lui indiquer, avant toute autre chose, quelle est la règle du jeu.

jeudi 2 décembre 2010

J’ai un nouveau Bâtonnier

Tous les deux ans a lieu l’élection du Bâtonnier de Paris. Chaque année, le conseil de l’Ordre, dont les membres sont élus pour 3 ans, se renouvèle d’un tiers.

Le bâtonnier, qui est pour ainsi dire le porte parole et représentant des avocats du Barreau de Paris, est élu à l’issue d’une campagne qui dure plusieurs mois et qui, nouvelles technologies oblige, vous amène à recevoir la veille ainsi que le jour de l’élection, la bagatelle d’une cinquantaine de mails et fax en tous genres de la part des candidats au bâtonnat et au Conseil de l’Ordre.

Dans le cadre de ce type d’élections, j’ai tendance à m’intéresser plus aux discours des candidats qui indiquent vouloir se préoccuper de l’avenir des jeunes collaborateurs et à leur condition d’exercice qu’à ceux des autres.

Cette année, certains candidats ont mis en avant le fait que le numerus clausus était inévitable.
Sans rentrer dans le fond du débat, je trouve l’idée contestable. En tant qu’avocat, je n’ai pas eu à subir cette limitation du nombre d’entrée à la profession et je n’aimerais pas l’imposer à d’autres qui sont probablement aussi « méritant » que moi.

Les avocats favorables à cette thèse mettent notamment en avant que la profession ne peut absorber les milliers d’élèves qui obtiennent chaque année le CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat).
Sauf que par définition, si la profession ne peut les absorber c’est qu’ils n’exercent pas (encore) cette profession, faute d’avoir trouvé une collaboration.
En ce sens, le processus de sélection par le nombre qu’implique le numerus clausus se fait déjà de façon « naturelle » et donc non imposée.

Qu’une personne constate, après quelques mois, qu’une profession n’est pas faite pour elle ou qu’elle n’a rien à lui offrir, est une chose. Lui indiquer que sauf à faire partie des X personnes les mieux notées d’un concours (lequel jugera essentiellement sa capacité à restituer correctement des connaissances), elle n’aura pas le loisir de vérifier par elle-même si cette profession lui plait, est autre chose.

Même si je ne peux nier que la paupérisation de la profession soit en partie due au nombre d’avocats, je remarque que les personnes favorables au numerus clausus indiquent assez souvent qu’un grand nombre d’avocats quittent rapidement la profession, ce qui serait la preuve qu’elle ne serait pas faite pour eux.

Or, dans mon entourage les quelques personnes que j’ai vu quitter cette profession l’ont fait parce qu’on leur proposait mieux ailleurs (mieux rémunérées avec plus de temps pour leur vie privée). Cela ne les avaient pourtant pas empêché d’être de brillants avocats.
C’est d’ailleurs pour cette raison que des entreprises n’ont pas tardé à les démarcher.

Si dorénavant, chaque année 200 avocats venaient garnir les rangs de la profession au lieu d’environ 1500 actuellement, qui pourrait garantir qu’ils resteront tous dans la profession à long terme ?

Alors que 80% des élèves sortant de l’école d’avocats avouent être « spécialisés » en droit des affaires, comment les cabinets qui cherchent des avocats collaborateurs juniors en droit public, droit pénal, droit social et autres, feront si aucun de ces 200 lauréats n’a de compétence ni de formation dans leurs différents domaines ?

Bref, même si je comprends la motivation première d’un débat autour du numerus clausus (celle d’un gâteau qu’il serait devenu trop difficile de partager eu égard au nombre d’invités), je n’oublie pas que ce même numerus clausus n’est pas la panacée.

En attendant que le nouveau Bâtonnier se penche sur cette question, je viens d’apprendre qu’il s’appelle Christiane Feral Schuhl.
Félicitations à mon confrère qui devient le dauphin de Jean Castelain et qui aura le privilège et l’honneur de lui succéder dans un an.

Pour ceux qui aimeraient savoir de quoi parlent les candidats au bâtonnat quand ils font campagne, la chaine Public Sénat diffusait hier un débat opposant les deux candidats du 2ème tour.

http://www.publicsenat.fr/vod/evenements/debat-des-4-finalistes-au-poste-de-batonnier-de-paris/67474

jeudi 18 novembre 2010

La difficile gestion de la relation client

La particularité du collaborateur est qu’il n’est pas (sauf à avoir une clientèle personnelle) confronté à la question du règlement et de la contestation des honoraires par ses clients.

Il travaille pour le cabinet qui l’emploie et lui adresse une facture d’honoraires en fin de mois de façon à ce que ledit cabinet lui verse une rétrocession d’honoraires.

Ce système fait qu’il se trouve rarement confronté aux difficultés de paiements des clients, aux promesses de paiement restées sans suite, mais aussi et surtout à la capacité des clients à contester la moindre facture.

S’il y a bien une chose que j’ai pu constater depuis que j’exerce cette profession, c’est cette capacité qu’ont certains clients à contester le temps que passe leur avocat sur leur affaire et, par conséquent, les montants des factures qui leur sont adressées.

Même s’il ne faut pas faire de généralités, une grande partie des clients (le plus souvent des particuliers) partent du postulat que les prestations des avocats sont chères et que leur travail « purement intellectuel », à défaut d’être très simple, n’est pas vraiment très compliqué.

Une telle distorsion avec la réalité ne peut qu’être source de tension, sauf à ce que vous preniez le temps de bien expliquer à chacun de vos clients, notamment par le biais d’une convention d’honoraires, pourquoi vous facturez X euros de l’heure et pourquoi l’affaire qu’il va vous confier eu égard au temps que cela vous prendra de constituer le dossier, de faire des recherches, de réunir les pièces et de préparer l’argumentaire, ne pourra pas lui coûter moins d’un certain montant.

Dès que je le peux, je prends le temps de le faire afin de dissiper tout malentendu.

J’ai lu, alors que je n’étais pas encore avocat, un post de mon désormais confrère Maître Eolas qui résume très bien les raisons pour lesquelles « Les avocats sont si chers ».

Malgré ces raisons de bons sens, l’avocat doit se résoudre assez souvent à ce que dans l’esprit de son client :

- Il est très (voire trop) bien payé pour le métier qu’il fait
- Il est riche donc il pourrait s’abstenir de lui adresser des factures aussi élevées
- S’il gagne l’affaire qu’il lui a confiée, ce ne sera que justice
- S’il la perd, c’est qu’il aura été nul

Je mets volontairement de côté tous les clients que j’ai pu rencontrer qui paient immédiatement les factures, qui remercient l’avocat pour la diligence et le professionnalisme dont il fait preuve et qui vont même jusqu’à le recommander à des amis.

Gérer les rapports que l’on a avec son client n’est finalement pas très loin d’être un métier à part entière…

jeudi 11 novembre 2010

Les barreaux de province

Difficile d’écrire ce genre de post sans verser dans la caricature, mais j’ai pu constater au gré de mes déplacements en province pour y plaider des affaires, à quel point l’accueil des confrères pouvait y être chaleureux.

Outre le fait que dans ce type de barreau « tout le monde connaît tout le monde », l’avocat parisien a un signe distinctif sur sa robe qui fait qu’on le remarque immédiatement.
Il ne porte pas d’hermine sur son épitoge. L’épitoge étant la bande de tissu distinctive portée par-dessus la toge. A la différence des avocats des autres barreaux de France et de Navarre, la sienne ne porte donc pas d’hermine.

En province, où j’ai tendance (à tort ?) à trouver les avocats beaucoup plus détendus et souriants que mes confrères parisiens, vous devenez assez rapidement l'attraction du moment. La tradition veut d’ailleurs que vous preniez le temps d’aller saluer le bâtonnier du barreau en question avant d’aller plaider.

Au sein de ces barreaux, il n’est pas vraiment utile de demander à un confrère quelle est sa spécialité. Rares sont les avocats qui se consacrent exclusivement à une spécialité.
Ils sont le plus souvent généralistes et en mesure d’intervenir efficacement dans tous les domaines du droit.

Outre la découverte d'une nouvelle ville, aller plaider dans un petit barreau est aussi l'occasion d'être confronté à une autre façon d'exercer et d'envisager ce métier.

jeudi 21 octobre 2010

Pompier de service

J’ai déjà eu l'occasion de dire que l’avocat est très souvent sollicité par ses clients quand ils se trouvent vraiment dans l’impasse.
Qu’ils ont tendance à faire appel à lui quand ils s’aperçoivent qu’ils ne pourront plus rien obtenir de leur interlocuteur ou encore quand ils se sont mis dans une situation où la loi l’oblige à être défendus par un avocat.

Cependant, parce qu’il a attendu que la situation soit compromise pour demander de l’aide à son avocat, le client est donc plus pressé que jamais.

Quand vous lui demandez dans quel délai il souhaite avoir les réponses à ses questions, il vous répond bien souvent qu’il les veut tout de suite ou du moins le plus vite possible (ASAP).

J’ai tellement pris l’habitude que cela se passe de cette façon avec les nouveaux clients que quand l’un d’entre eux s’adresse à moi en m’indiquant que ce qui motive sa venue est justement de prévenir tout risque juridique lié à la décision qu’il va être amené à prendre, cela me procure toujours ce même effet de surprise.

Quand de surcroit vous lui indiquez que sa question est complexe, qu’elle implique de longues analyses des documents doublées de longs entretiens pour être certains que toutes les implications ont été envisagées, que, de ce fait, la facture que vous lui adresserez s’en ressentira et qu’il vous répond que vous lui ferez de toute façon gagner de l’argent en lui évitant les actions juridiques qu’aurait pu générer la mise en place de mesures sans consultation préalable d'un avocat, vous vous dites que vous êtes face à cette fameuse exception qui confirme la règle.

En réalité, les raisons qui poussent les clients à agir de la sorte sont souvent liées au fait qu’ils aient ou non été sensibilisés, dans le cadre de leur parcours universitaire et/ou professionnel, à l’impact juridique des décisions stratégiques et économiques qu’ils seront amenés à prendre.

Quand c’est le cas, aller voir un avocat pour prévenir d’éventuels conflits leur paraîtra être une démarche naturelle. Dans le cas contraire, c’est souvent, contraint et forcé, voire méfiant, qu’ils vous solliciteront.

jeudi 14 octobre 2010

Travailler plus pour gagner plus (acte II)

J’avais écrit sur mon ancien blog, il y a un peu plus de 3 ans, un post insistant sur le fait que ce métier vérifiait l’adage du Président de la République selon lequel plus vous acceptez de travailler et plus vous êtes susceptibles de gagner de l’argent.

Cette donnée, bien intégrée par l’élève-avocat que j’étais, l’est d’autant plus par l’avocat que je suis actuellement.

Je n’ai qu’à discuter avec mes confrères pour m’en assurer.

Ceux qui travaillent dans des structures anglo-saxonnes n’ont pas (ou très peu) de clientèle personnelle, faute de temps pour s’y consacrer, mais peuvent prétendre à une rétrocession d’honoraires qui les dispense d’avoir à vraiment se préoccuper du fait d’en développer une.

A côté d’eux, on retrouve ceux qui, en petite ou moyenne structure, ont d’ordinaire (un peu voire beaucoup) plus de temps pour se consacrer à de la clientèle personnelle.

Même si je ne connais pas l’ensemble des grilles de rétrocession d’honoraires des cabinets parisiens, force est de constater qu’il y a souvent une différence du simple au double (voire triple) entre ce que les grosses structures sont en mesure de verser à leurs collaborateurs juniors et ce que les petites ou moyennes structures peuvent leur verser.

Accepter d’aller dans l’une ou l’autre de ces structures relève donc du choix de vie entre travailler beaucoup et gagner raisonnablement sa vie (petite ou moyenne structure) et gagner beaucoup plus en travaillant….beaucoup plus (structure anglo-saxonne) avec ce que cela implique en termes d’investissement en temps.

Mais quelle que soit l’option pour laquelle vous optez, gagner plus impliquera toujours d’accepter de travailler plus.

Ce qui, pour une profession libérale, paraît somme toute assez logique...

vendredi 1 octobre 2010

2 ans, premier bilan

Je fête en ce début de mois d’octobre, ma deuxième année d'exercice en tant qu’avocat collaborateur junior.

Après deux ans, je ne peux nier que ce métier me passionne vraiment.
J’apprécie l’idée de défendre les intérêts de personnes physiques et morales et de régler une situation qui leur semblait compromise. J’aime accompagner leur réflexion, leur expliquer pourquoi telle chose est envisageable et telle autre inconcevable, établir une stratégie, avant d'aller, selon les cas, plaider leur affaire devant les tribunaux.

Je mesure chaque jour le chemin parcouru depuis mes débuts.
Après plusieurs mois d’exercice, des automatismes se développent et ce sont eux qui me permettent de faire mieux et plus rapidement le travail demandé par le client et le cabinet. C'est aussi cette expérience acquise qui me permet de me sentir de plus en plus à l'aise dans ma "robe d'avocat".

Cette profession reste néanmoins très exigeante. Les collaborateurs, juniors qui plus est, sont ceux à qui on demande traditionnellement un investissement en temps considérable et à qui l’on ne pardonne rien (ou presque).

Quand les dossiers s’accumulent sur son bureau du fait d’un accroissement d’activité, le junior, qui comme tout avocat n’a pas d’horaire, est mis face à ses responsabilités.

Même si cela lui est rarement imposé formellement, il n’a souvent d’autre choix que de travailler plus tard le soir, voire le week-end pour venir à bout desdits dossiers.
Quand cette situation devient au fil du temps plus le principe que l’exception, la démobilisation guette.

A mes débuts, je me demandais ce qui pouvait pousser autant d’avocats à quitter la profession au bout de deux ans. A cette question, il n’existe manifestement pas une réponse, mais plusieurs.

Contrairement à ce que pense le grand public, tous les avocats ne sont pas riches (loin s’en faut) et ceux à qui l’on propose un autre poste (notamment celui de juriste d’entreprise) pour gagner plus tout en ayant des horaires moins lourds et beaucoup plus compatibles avec une vie privée, n’hésitent pas longtemps avant d’accepter.

Quelques uns de mes confrères, qui ont prêté serment la même année que moi, ont d’ores et déjà opté pour ce choix. Leur activité étant essentiellement axée sur le conseil, c’est sans regret qu’ils ont décidé de s’orienter vers un métier qui sera très proche, à ceci près qu’ils n’auront qu’un seul et unique client (leur entreprise).

Pour ma part, j’aime toujours autant ce métier. Même si une routine peut finir par s’installer quand vous êtes hyperspécialisé, que les connaissances sont acquises et que les questions des clients et les affaires traitées sont très proches, cette profession a un caractère imprévisible indéniable. C’est ce qui fait son charme et ce qui explique également qu’elle soit si exigeante.

Je retrouve également de la diversité dans les dossiers que je traite à titre personnel, d’autant plus qu’avoir son propre client que l’on gère à sa façon offre une toute autre satisfaction que celle que peut vous apporter la relation que vous avez le client du cabinet.

On dit souvent que le cap des 2 ans est fondamental dans la carrière d’un avocat. Que c’est celui à partir duquel il commence à s’interroger sur ce à quoi il aspire vraiment.

Je me pose effectivement des questions et je ne doute pas que les prochains mois apporteront leur lot de réponses.

jeudi 16 septembre 2010

Conseil et contentieux

J’ai déjà eu l’occasion de parler de mon attirance pour le contentieux. Pour cette procédure qui débute en recevant le client, en écoutant ses doléances et/ou ses craintes et qui s’achève par une plaidoirie visant à lui sauver la mise et/ou à sauvegarder au mieux ses intérêts.

Je rencontre souvent des avocats qui, faisant essentiellement du conseil, s’avouent peu attirés par le contentieux. Celui-ci serait chronophage et peu rémunérateur.

Pour ce qui est de son caractère chronophage, force est de constater qu’il monopolise effectivement du temps. Ce même temps qui, en tant que collaborateur au sein d’un cabinet, vous manque bien souvent.

Gérer un dossier contentieux nécessite d’assister à des audiences de procédure (souvent longues) et implique de nombreux déplacements au Palais. Cela s’accompagne de discussions téléphoniques fréquentes ainsi que de rendez-vous avec le client afin qu’il vous communique des pièces utiles au dossier ou pour qu’il réagisse aux arguments d’ordre factuel figurant dans les conclusions que vous aura adressé votre contradicteur.

Par ailleurs, au gré de la stratégie de votre confrère, notamment par le jeu des incidents de procédure et des renvois, il n’est pas rare qu’une affaire que vous pensiez (ou espériez) courte se prolonge de plusieurs mois.

Cette incertitude liée au temps que vous devrez consacrer à un dossier contentieux fait qu’il est parfois plus aisé de gérer des dossiers en conseil.

En matière de conseil, le client vient, en effet, vous voir pour que vous répondiez aux questions qu’il se pose et que vous trouviez des solutions juridiques à la problématique à laquelle il est conforté.

Lui répondre vous prendra plus ou moins de temps en fonction de la difficulté de la question, mais, en principe, une fois votre consultation achevée vous pouvez lui facturer votre prestation puis vous consacrer pleinement à vos autres dossiers.

Travailler sur de nombreux dossiers contentieux simultanément peut s’avérer lourd à gérer, qui plus est pour un avocat collaborateur junior, parce que ce type de dossier nécessite un suivi quasi-permanent sur de longs mois, voire des années.

A l’inverse, le conseil demande un travail souvent plus resserré dans le temps (le client exigeant une réponse dans des délais assez brefs), ce qui peut, paradoxalement, s’avérer être un avantage quand on se sait déjà très pris par les dossiers que nous confie le cabinet.

mercredi 8 septembre 2010

« Maître, je voudrais obtenir au minimum… »

Un client vient souvent vous voir avec une idée précise de ce qu’il pense être en droit de réclamer à la personne morale ou physique à qui il intente un procès.

Quand son dossier est solide et qu’il est convaincu d’être dans son bon droit, il n’est pas rare qu’il en parle autour de lui et que son entourage (pas forcement juriste de formation) l’encourage à demander des sommes diverses et variées sans rapport direct avec son cas et le préjudice qu’il a personnellement subi.

Là, où cela devient compliqué, c’est quand vous devez lui expliquer que les sommes qu’il entendait obtenir sont sans commune mesure avec ce qu’il est en mesure de réclamer dans le cadre d’une telle affaire.

En effet, même si caresser le client dans le sens du poil a du bon, lui donner espoir en une issue irréalisable n’est pas conforme à l’obligation de conseil que lui doit son avocat.
Vous devez d’ailleurs l’alerter également sur les éventuels risques générés par l’action qu’il envisage d’intenter.

Il faut donc, en pesant bien ses mots, lui indiquer pour quelles raisons il ne peut espérer obtenir au delà d'une certaine somme ainsi qu'une condamnation à un certain titre et non à un autre.

L’idée étant qu’il comprenne que ce n’est pas de peur de ne pas pouvoir obtenir que vous ferez des demandes inférieures à ses attentes, mais parce que toute demande doit être en corrélation directe avec un préjudice subi et que si les demandes se révèlent disproportionnées et/ou injustifiées la partie adverse ne manquera de le soulever, ce qui fera perdre une part de crédibilité et donc de force de persuasion à son dossier.

jeudi 26 août 2010

Sans filet

Il existe dans ce métier plusieurs raisons pour lesquelles vous pouvez vous retrouver seul face à un dossier ou une affaire.

La première (involontaire) tient au fait que les associés ou collaborateurs seniors du cabinet estiment, souvent par manque de temps, qu’ils n’interviendront pas (ou si peu) dans les dossiers qui vous ont été confiés.

La deuxième (provoquée) est liée à la clientèle personnelle. Ce client, qui est le vôtre et non celui du cabinet, est géré seul et donc sans les conseils ni l’œil avisé d’un avocat plus expérimenté.

Dans mon entourage, c’est l’une des raisons qui poussent certains confrères et amis à ne pas développer de clientèle personnelle. En plus de devoir trouver le temps d’en gérer une à côté des dossiers du cabinet (ce qui est souvent loin d'être évident), ce type de dossier sur lequel on est directement exposé au client implique directement notre responsabilité en cas d’erreur.

Quelle que soit la raison pour laquelle vous vous retrouvez seul face à un dossier, l’objectif reste toujours le même. Essayer d’envisager toutes les problématiques juridiques engendrées par les questions qui se posent dans ces dossiers de façon à éviter que les associés du cabinet ou vos clients vous tapent sur les doigts.

Là encore, l’expérience aide à mieux appréhender ce type de situation à mesure que le temps passe.

lundi 9 août 2010

Turnover

J’ai déjà indiqué que la crise qui touche tous les secteurs d’activité avait un fort impact sur les cabinets d’avocats. Les conséquences directes de la crise sont le plus souvent des « départs » de collaborateurs, mais pas seulement…

J’ai pu constater, à travers les récits de quelques uns de mes confrères, que de nombreux associés profitaient de la crise pour accepter de rejoindre des cabinets qui leur offraient de meilleures opportunités de carrière.

Quand vous vous retrouvez au sein d’un cabinet dans lequel l’un des associés décide de partir pour en rejoindre un autre qui lui offre de meilleures perspectives, c’est bien souvent assez déstabilisant.

L’annonce, restée secrète jusqu’au dernier moment, se fait de façon assez brutale et l’associé, qui part rarement seul, emporte avec lui quelques uns des collaborateurs juniors et ou seniors en qui il avait confiance de façon à ne pas avoir à recruter une nouvelle équipe.

Pour l’associé et les collaborateurs qui partent, il s’agit d’une nouvelle aventure risquée, mais pleine de promesses.

Ils devront se familiariser à une organisation et à une méthode de travail qu’ils ne connaissent pas, pendant que la structure qui a vu partir l’associé ne pourra que constater les dégâts en termes de perte de clientèle tout en cherchant à remplacer au plus vite les éléments manquants.

jeudi 22 juillet 2010

« J’ai juste une toute petite question à te poser »

Depuis que je me suis lancé dans le droit, mes amis et connaissances, qui n’ont pas suivi ce type d’études, n’ont jamais vraiment hésité à faire appel à moi pour me présenter le problème juridique auquel ils étaient confrontés.

Dans l’imaginaire collectif, un étudiant en droit connaît toutes les lois par cœur, a réponse à toutes les questions qu’on est susceptible de lui poser et ce que quel soit le domaine du droit sur lequel on l’interroge.

Hormis le fait que cela soit inexact, passer brusquement d’étudiant en droit à avocat a tendance à pousser ces mêmes amis, connaissances et tout votre entourage proche ou moins proche à vous solliciter pour que vous répondiez aux questions qu’ils se posent.

Dans l’absolu, c’est une bonne nouvelle pour qui s’est engagé dans un métier afin de défendre et conseiller des clients, mais c’est sans compter sur certains d’entre eux qui, bien conscients que donner des conseils juridiques est devenu votre métier, essayent désormais de placer les questions auxquelles ils sont confrontés au détour d’une conversation anodine de façon à ce que vous leur donniez la réponse la plus complète possible, sans qu’ils aient à vous payer pour autant.

Emporté par la fougue, j’ai bien souvent donné la réponse qu’ils attendaient à mes interlocuteurs.

Après bientôt deux ans d’expérience dans ce métier, cela s’avère être de moins en moins souvent le cas...
J’invite, dès que possible, celui qui s'adressse à moi à venir me parler de tout cela en détails dans le cadre d’un rendez-vous fixé au cabinet.

L'occasion de lui faire savoir qu'être avocat est...aussi un métier.

mardi 20 juillet 2010

Pour le plaisir

J’ai déjà expliqué sur ce blog les difficultés inhérentes au fait d’être collaborateur quand on est amené à choisir entre accepter ou pas une affaire que l’on sait chronophage, alors que l’on est déjà pris par le travail que nous a confié le cabinet.

En pratique, quand vous devez accepter une ou plusieurs affaires de ce type, vous le faites le plus souvent parce qu’au moment où le client vous a sollicité vous n’envisagiez pas de faire autrement que lui répondre favorablement.

Le domaine est le vôtre, l’affaire s’annonce passionnante et le client a besoin de vous. Dans ces conditions, sur l’instant, aidé en cela par l’adrénaline générée, vous oubliez parfois trop vite que le client ne peut payer des honoraires classiques d’avocat, que vous serez sans doute obligé de lui accorder un forfait minimum pour une procédure qui sera pourtant assez longue et que dans ces conditions, cette affaire ne sera, eu égard au temps passé, pas ou peu rentable pour vous.

La question de la rentabilité qui est, crise oblige, au centre de nombreuses discussions au sein des cabinets d’avocats doit sans doute raisonner moins fortement dans l’esprit d’un avocat collaborateur junior que dans celui de ses ainés.

Il n’empêche qu’une fois l’affaire acceptée, il n’y a plus de distinction possible entre le client qui a peu payé et celui qui a réglé le montant que vous lui avez réclamé.

Vous devrez vous montrer diligent et compétent et ils seront, à votre égard, tous les deux aussi exigeants qu’intransigeants.

mercredi 7 juillet 2010

Drôle d’endroit pour une rencontre

Le réseau est quelque chose dont on parle beaucoup dans ce métier. Il est indéniable qu’il est utile d’avoir un réseau d’amis, de confrères et de proches susceptibles de parler de vous, si vous voulez pouvoir développer une clientèle digne de ce nom, sans avoir à attendre que le bouche à oreille autour de vos talents d’avocat ne fasse son oeuvre.

Il m’est arrivé à plusieurs reprises de guider des clients qui s’adressaient à moi vers des confrères et, inversement, de bénéficier des recommandations de confrères et amis.

Il faut savoir que l’avocat n’est pas autorisé à faire du démarchage de clientèle. Notre déontologie, qui ne nous permet de faire de la publicité que dans des conditions strictement encadrées, nous interdit de proposer directement nos services à de potentiels clients sans que ces derniers nous aient sollicité préalablement ou nous aient été présentés par un tiers.

Dans ces conditions, nombreux sont les avocats qui multiplient les activités permettant de rencontrer une clientèle susceptible de s’adresser « spontanément » à eux.

Il en va ainsi des articles publiés dans des revues spécialisées ou dans la presse généraliste, des formations destinées aux professionnels et aux étudiants, ou encore des activités extra-professionnelles réputées comme propices aux rencontres (golf, tennis, squash, clubs privés et autres activités associatives, etc…)

Même s’il est utile d’avoir un réseau, j’ai pu constater que le facteur chance et le hasard ont aussi leur place dans le développement d’une clientèle personnelle.

Il peut parfois suffire d’une discussion informelle (non provoquée) entre deux individus dans un lieu qui ne s’y prêtait pas vraiment, pour qu’un client et un avocat débutent une collaboration des plus fructueuses, pour l’un comme l’autre...

dimanche 27 juin 2010

Les soirées de l’ambassadeur

Cette semaine, le barreau de Paris fêtait le bicentenaire de son rétablissement. Entre autres manifestations, deux grandes soirées ont été données au Grand Palais vendredi et samedi soir.

La soirée, à laquelle j’ai assisté, était bien orchestrée.
Dans ce lieu sublime, Thomas Dutronc y est allé de son concert sur du Jazz manouche. Quelques danseurs et acrobates ont également ravi l'assistance avec des spectacles de haut vol.

Le Barreau avait manifestement mis les petits plats dans les grands pour cette soirée à caractère exceptionnel...et au budget qu’on devine important.

Cette soirée qui s’est achevée sur un set enivrant de Béatrice Ardisson, fut l’occasion de voir se côtoyer des avocats de générations différentes et de revoir quelques confrères que l’on avait perdus de vue.

jeudi 17 juin 2010

Passe un cap d’abord

Quand vous devenez avocat et que vous êtes un tant soit peu ambitieux, de nombreuses questions vous viennent assez rapidement à l’esprit.

Les premières sont assez terre à terre :

Vais-je être augmenté et de combien ?
Vais-je avoir un bonus et de combien s’élèvera-t-il ?

Quelques mois plus tard, elles sont d’ordre plus général :

Suis-je satisfait de la formation que je reçois ainsi que des dossiers que je traite au sein de cette structure ?
Il y a-t-il une chance que je devienne associé du cabinet dans lequel je suis ?
Dois-je aller voir ailleurs ?
Est-il envisageable que je crée à court ou moyen terme mon propre cabinet ?

Ces questions se font de plus en plus nombreuses et pressantes à mesure que le temps passe. De jeunes confrères m’en parlent, j’en parle à de jeunes confrères, mais nous arrivons à chaque fois à la même conclusion.
Sauf à être (déjà) dans l’impossibilité de mener de front clientèle personnelle et contrat de collaboration, il est encore un peu tôt pour faire des choix définitifs.

A côté de ce postulat, reste l’envie qui s’affranchit assez régulièrement de ce que dicte la raison.
C’est cette envie qui a d’ores et déjà poussé certains de mes confrères à se lancer à leur compte avec pour principale satisfaction d’être leur propre patron.
Cela n'empêche pas que certains connaissent les difficultés financières liées à une profession qui, comme d’autres, subit la crise de plein fouet.
D’autres mieux organisés, plus débrouillards, plus fédérateurs, plus talentueux et/ou plus chanceux ont su fidéliser une clientèle qui leur permet (déjà) de gagner autant sinon plus que ce qu’ils gagnaient en tant que collaborateur.

Ma conviction personnelle reste néanmoins que pour se lancer seul (ou à plusieurs), mieux vaut passer un cap d’abord.

lundi 14 juin 2010

L’expérience en plus

Quand vous êtes collaborateur junior, vous faites partie de ceux qui font le plus de recherches. D’abord parce que l’on vous les confie prioritairement et ensuite parce qu’elles sont nécessaires pour une appréhension des questions que l’on vous confie.

Avec le temps qui passe, je constate de plus en plus souvent que des questions que l’on me pose ont déjà été posées quelques semaines auparavant par un autre client.

Même si le droit est en évolution constante et qu’il convient de s’assurer qu’aucune loi et nouvelle jurisprudence ne sont intervenues entre temps, l’expérience a ceci d’intéressant qu’une grande partie du travail qui a été fait la première fois n’aura pas à être refait.

Vous prenez donc moins de temps et ce temps que vous gagnez peut être consacré à d'autres dossiers du cabinet ou à vos propres dossiers.

lundi 7 juin 2010

Dilemme

Quand vous êtes collaborateur au sein d’un cabinet et qu’une personne vous contacte personnellement pour traiter un dossier dont vous devinez vite qu’il nécessitera que vous y consacriez beaucoup de temps, vous êtes souvent tiraillé entre l’idée de le réorienter vers un autre confrère et celle d’accepter ce dossier sans réserve.

Il est, en effet, permis à un collaborateur d’avoir une clientèle personnelle, mais en pratique et sauf quelques (trop) rares exceptions, il lui est vivement recommandé de faire en sorte qu’elle ne se voit pas trop, s’il ne veut pas s’attirer les foudres des associés.

L’inconvénient des gros dossiers est qu’ils sont souvent chronographes et peu discrets. Les audiences au tribunal nécessiteront que vous vous absentiez du cabinet, le client vous appellera dès qu’une question lui passera par la tête et le confrère adverse en fera de même pour que vous lui communiquiez vos pièces et conclusions.

Après avoir, à mes débuts, décliné l’essentiel des offres par manque de temps et d’expérience, puis progressivement accepté celles dont j’estimais que le jeu en valait la chandelle, je rechigne désormais de moins en moins à traiter les affaires, même d’importance, qui sont dans mon domaine de compétence.

lundi 24 mai 2010

Duel de générations

En tant que jeune avocat, vous passez votre temps à faire vos preuves.

Vous devez persuader les associés de votre cabinet qu’ils ont eu raison de miser sur vous, tout en essayant (si votre emploi du temps vous le permet et le cœur vous en dit) de convaincre les quelques clients qui hésitent encore entre vous confier personnellement leur dossier et choisir un confrère plus âgé et plus expérimenté que vous, que vous êtes bel et bien l’homme de la situation.

Le métier d’avocat est l’une de ses rares professions où plus vous êtes âgé et plus vous êtes considéré comme crédible aux yeux du client. Les longues années de barreau sont souvent perçues par ce dernier comme étant un gage de qualité.

Vous partez donc avec un handicap face à vos aînés, lequel peut parfois être comblé par l’envie que vous laissez transparaître, vos connaissanes dans la matière que l'on vous expose, le sérieux dont vous faites preuve et la promptitude avec laquelle vous répondez aux questions et vous rendez disponible lors du premier rendez-vous.

Même si le « combat » est souvent inégal, il n’est pas si rare que cela qu’il tourne à l’avantage du plus jeune des deux. Le fait qu’il soit souvent moins cher en est aussi l’une des raisons.

jeudi 13 mai 2010

Dans le doute, ne t’abstiens pas…de vérifier la procédure

Dans l’esprit du grand public, c’est souvent le vice de procédure qui permet à de grands criminels d’échapper à une condamnation quasi-certaine.

En pratique, et au-delà du seul droit pénal, il n’est pas rare que la procédure permette d’évoquer des éléments de défense pertinents en faveur de son client.

C’est parce que le contradicteur n’aura pas vérifié et verrouillé tous les points de procédure au moment d’agir contre votre client que vous trouverez la matière pour lui opposer « in limine litis », c’est-à-dire avant toute défense au fond, des arguments de procédure qui pourront, selon les cas, amener les juges à décidé que l’action intentée est irrecevable, irrégulière ou encore mal fondée.

Les points de procédure à vérifier sont plus ou moins nombreux selon les domaines du droit dans lesquels vous pratiquez.
Les nouvelles lois et nouveaux décrets s’accompagnent souvent de nouvelles questions auxquelles il n’est pas toujours évident de répondre. La mise à jour constante des connaissances et le suivi de ce que dit la doctrine sont donc essentiels.

Le fait de se méfier constamment des points de procédure et de douter régulièrement de l’actualisation de ses connaissances fait partie des bons réflexes à avoir, d’une part parce que cela est formateur et d’autre part parce que cela se relève très souvent utile d’être vraiment au point sur ce type de questions.

lundi 10 mai 2010

24h dans une journée

Ce métier a ceci de particulier qu’il est imprévisible. Vous pouvez passer de peu chargé (c’est rare) à overbooké (plus fréquent) en l’espace d’un instant et ce, au gré des sollicitations, tant des clients du cabinet ou de vos propres clients.

Vous avez beau chercher à vous organiser et à devancer les sollicitations des clients, vous ne pouvez rien au fait que, ce sont ont eux qui décident (bien souvent à la dernière minute) quand un dossier ou une question passe de « non utile » à « très urgent ».

Le fait que vous ayez pu les alerter, des semaines auparavant, sur l’intérêt de traiter telle ou telle question et de s’intéresser à tel ou tel dossier n’y changera rien. Ce sont eux qui donnent le tempo puisque le traitement par l’avocat d’un dossier, d’une question ou d’un contentieux ne peut débuter qu’à partir du moment où le client le mandate expressément pour le faire.

La gestion des urgences est donc partie prenante de cette profession. Mieux vaut pouvoir s’y faire, voire aimer travailler dans ces conditions, tant ce cas de figure à un caractère récurrent.

Les urgences se gèrent quasiment toujours de la même façon. Il faut savoir travailler vite et bien et trouver du temps, quand le temps manque déjà considérablement.

Cela revient inéluctablement à allonger ses journées en finissant plus tard et/ou à rapporter du travail à la maison pour pouvoir travailler dessus le week-end.

L'adaptabilité est une qualité très prisée dans cette profession...et pour cause.

vendredi 30 avril 2010

Le juriste face à l’avocat

Il n’est pas rare que le client pour lequel je dois rédiger une consultation ait quasiment les mêmes diplômes que moi. Dans ces conditions, la relation à l’avocat est différente de l’individu lambda qui n’a jamais fait d’études de droit.

Ce type de client, qui pose des questions ciblées et pertinentes à son avocat, est beaucoup plus exigeant sur la qualité du travail et ce, tout simplement parce qu’il a déjà « une petite idée » de la réponse.

Il ne consulte bien souvent l’avocat que pour conforter, auprès de son entreprise, la position qu’il a déjà prise en tant que responsable du service juridique.

Consulter un avocat sur des questions pointues pour lesquelles des sommes conséquentes sont en jeu lui permettra accessoirement de faire jouer la responsabilité de l’avocat dans l’hypothèse où les conseils qui lui ont été donnés devaient avoir des conséquences dommageables.

Du point de vue du rapport proprement dit entre juriste (client) et avocat (conseil), je trouve que l’exercice de la confrontation d’idée et de points de vue avec quelqu’un d’une formation similaire à la mienne est très enrichissant, mais qu’il m’oblige à être sûr de ce que j’avance ou de ne pas hésiter à indiquer à mon interlocuteur que la réponse ne pourra être apportée qu’après des recherches complémentaires.

Le juriste averti a, en effet, une sainte horreur de l’à peu près…

jeudi 22 avril 2010

Spécialiste à tendance généraliste

Je suis un avocat que l’on pourrait qualifier de spécialisé. Les associés et collaborateurs de mon cabinet sont placés par pôles d’activités et n’interviennent quasiment que sur des questions qui concernent les domaines du droit pour lesquels ils sont spécialisés.

Ce n’est donc que par l’intermédiaire de quelques dossiers personnels que je peux me confronter, notamment par goût pour le contentieux, à des matières différentes.

Sauf les cas où je préfère ne pas intervenir parce que j’estime que l’affaire est trop technique pour que je m’y risque et que j’engage, par la même occasion, ma responsabilité professionnelle, j’accepte de plus en plus souvent de défendre des clients qui me sollicitent sur des dossiers qui sont plutôt hors de mon domaine de spécialité et qui nécessitent que je consacre du temps à revoir mes fondamentaux.

Si le dossier s’avérait plus technique que ce que j’imaginais au moment où je l’ai accepté, il me reste la possibilité de sous-traiter tout ou partie du dossier à un ami confrère ou de lui demander quelques conseils.

L’avocat, même spécialisé, est à l’origine un juriste susceptible de traiter des dossiers dans tous les domaines du droit. Le tout est qu’il ait le temps matériel de le faire correctement.

Au moment de la plaidoirie, que l’on intervienne ou non dans son domaine de prédilection, l’objectif reste le même…Faire de son mieux pour convaincre les juges que les arguments que l’on avance sont valables, à l’inverse de ceux de la partie adverse.

samedi 10 avril 2010

À votre service

Pour un client, le recours au service d'un avocat n’a rien d’une démarche naturelle. Il ne vous sollicite bien souvent que parce qu’il n’a pas trouvé le moyen de régler autrement ses problèmes.

Le client exige donc de vous que vous régliez ce qu’il n’a pas su régler seul, en ayant cependant l'intention d’avoir son mot à dire dans la façon dont vous procéderez pour arriver à ce résultat.

Dans ces conditions, le rôle de l’avocat est délicat. Il doit conseiller son client, lui proposer plusieurs alternatives, mais doit bien se garder de lui imposer une façon de faire.

Même si chaque avocat a son idée sur la meilleure façon d’agir dans différents cas de figure, si plusieurs options s’offrent au client, il faut qu’elles lui soient proposées de façon à éviter que ce dernier ne puisse lui reprocher, plus tard, de ne pas l’avoir fait.

Si la décision de justice ou le résultat obtenu par l’avocat suite aux conseils qu’il a donnés au client s’avère conforme à ce qu'il attendait, nul doute qu’il saura vous remercier. Dans le cas contraire, le client ne pourra pas vous reprocher de ne pas l’avoir prévenu...

mercredi 31 mars 2010

18 mois dans la peau d’un avocat

J’avais intitulé mon précédent blog « 18 mois pour savoir ou le journal d’un élève-avocat ». J’étais alors convaincu qu’à l’issue des 18 mois de formation à l’EFB, j’aurais la réponse à la question de savoir si ce métier était fait pour moi.

À l’aube de mon 18ème mois de collaboration, je mesure le chemin parcouru depuis mes débuts.

J’ai déjà pu dire ici que je me sentais plus à l’aise et plus légitime qu’il y a un an et demi de cela, tant dans les consultations et autres conclusions que je rédige que lors de mes plaidoiries.

L’une des conséquences directes de cette assurance que j’ai pu prendre au fil du temps tient maintenant dans le fait que j’aspire à travailler consciencieusement pour le cabinet qui m’emploie tout en dégageant de plus en plus de temps pour travailler pour mes propres clients.

J’apprécie l’idée qu’un client puisse me solliciter pour trouver une issue à un problème qui lui semblait jusqu’ici insoluble…et ce, encore plus quand c’est mon propre client.

Je garde néanmoins à l’esprit que la cliente personnelle est un sujet tabou au sein de nombreux cabinets. Personne n’est vraiment contre parce qu’il est interdit de s’opposer à ce qu’un collaborateur libéral en développe, mais en pratique de nombreux cabinets perçoivent mal que leurs collaborateurs puissent en avoir et surtout dégagent du temps, durant la journée, pour s’en occuper.
Dans ce cas de figure, libre à vous d'y consacrer vos soirs et vos week-end.

Ces 18 mois ont contribué à conforter quelques-unes de mes certitudes et quelques-uns de mes doutes.

Le métier en lui-même, malgré ses défauts et inconvénients, me séduit toujours autant, sinon plus qu'avant.

Il est incontestablement surprenant, régulièrement épuisant, mais très souvent passionnant…

dimanche 28 mars 2010

Une affaire qui compte

Quelques affaires comptent plus que d’autres, notamment parce que la personne dont vous défendez les intérêts tient absolument à obtenir un jugement dont elle a besoin pour tenir le coup psychologiquement et/ou pour s’en sortir financièrement.

Elle vous fait régulièrement part de ces craintes et dans ce contexte difficile, elle met sur vous une pression indirecte dont il est difficile de se détacher.

Le jour venu, vous plaidez en espérant que le juge fera droit à vos demandes et quand, quelques semaines plus tard, intervient le délibéré vous êtes impatient d’appeler votre client pour lui dire que l’un de ces problèmes vient de trouver une issue judiciaire favorable.

Cette affaire vous aura peu rapporté financièrement, mais les remerciements nourris et sincères de votre client contribuent à faire de vous un avocat heureux…

samedi 20 mars 2010

La stratégie judiciaire

J’ai déjà eu l’occasion d’indiquer à quel point la stratégie judiciaire avait sa place dans certains dossiers.

Plus le temps passe et plus j’en prends conscience.
Il n’est, en effet, pas rare que le client qui nous sollicite n’ait aucune idée préconçue de la stratégie à adopter.

Il s’en remet donc à son avocat pour qu’il agisse au mieux de ses intérêts.
Quand il apparaît que le client est surtout intéressé par le fait d’être dédommagé du préjudice qu’il a subi et qu’il semble qu’une longue et coûteuse procédure ne l’intéresse pas plus que cela, il est toujours possible de se rapprocher de la partie adverse de façon à envisager avec elle un règlement amiable du litige.

Paradoxalement, le fait de proposer dès l'origine une issue transactionnelle implique de préparer le dossier aussi bien, sinon mieux, que quand on s’apprête à intenter une action pour le compte du client.

Le but est, en effet, de convaincre son interlocuteur, après une lecture des pièces et des arguments, qu’il a tout intérêt à accepter la proposition qui lui est faite, tant l’issue d’un procès ne fait aucun doute.

Il doit être convaincu que proposer X euros maintenant lui évitera d’en payer X euros fois 10 dans quelques mois avec en prime les frais d’avocats à couvrir.

Hormis le cas de figure où la somme proposée en dédommagement est ridicule et donc inacceptable pour nos clients, ce type d’arrangements « entre amis » est profitable à tous.

samedi 6 mars 2010

Les mêmes causes produisent les mêmes effets

J’ai régulièrement des échanges avec des amis de la même promotion que moi sur ce qu’il peut y avoir de compliqué dans cette profession d’avocat.
Notamment sur la difficulté qu’il y a à gérer les égos des uns et des autres, à trouver le temps nécessaire pour gérer une clientèle personnelle, mais aussi à conserver une vie privée digne de ce nom.

Mis à part les associés et les collaborateurs seniors de mon cabinet avec qui j’ai des échanges, sur ces différents points, que je qualifierai d’assez convenus, j’ai, pour ainsi dire, rarement l’occasion de discuter à bâton rompu, avec des avocats beaucoup plus expérimentés que moi, de la meilleure façon pour un collaborateur junior de tirer son épingle du jeu.

Une fois n’est pas coutume, j’ai récemment rencontré un avocat d’un peu plus de 6 ans d’expérience, lequel était associé d’un cabinet qu’il avait lui-même créé après avoir fait ses armes dans deux des plus grands cabinets de la place de Paris.

C’était l’archétype du bosseur, conscient de ce qu’attendent vraiment ses clients et qui sait pertinemment, pour l’avoir fait quelques années plus tôt, ce qu’il vaut mieux faire quand on est un collaborateur junior, un tant soit peu ambitieux.

Toutes les situations que je lui exposais lui étaient familières.

J’ai donc pris bonne note de l’ensemble de ses recommandations et mises en garde, en gardant à l’esprit que dans ce métier, les mêmes causes produisent bien souvent les mêmes effets...

samedi 27 février 2010

Tout travail mérite salaire…ou presque

L’un des inconvénients qu’il y a être avocat est que l’on est souvent sollicité par un entourage qui n’hésite pas à nous demander des conseils...gratuits.

Quand il s’agit d’amis, on est toujours tenté de le faire gratuitement.
Cependant, quand le conseil en question implique de devoir y consacrer temps et qu’il peut rapporter de l’argent à celui qui me sollicite, je ne me gêne plus pour lui expliquer que le travail d’un avocat, ne se résume pas à plaider des affaires devant les tribunaux, mais consiste bien souvent à donner le meilleur conseil possible à son client afin qu’il puisse prendre la position la plus favorable à ses intérêts.

Dans le milieu, on a coutume de dire (à tort ou à raison) qu’il ne nous viendrait pas à l’esprit d’aller voir un ami coiffeur et de se faire couper les cheveux gratuitement dans son salon, ni même d’aller chez un ami restaurateur et d’y manger sans régler la note.

Mis à part lorsque la situation l’exige, il n’y a donc aucune raison valable que l’avocat fasse exception à la règle.

samedi 20 février 2010

Transmission de clientèle

La « nouvelle » génération des avocats, dont je fais partie, est probablement plus spécialisée que ne l’étaient les précédentes, qui pouvaient se vanter de pratiquer une activité beaucoup plus généraliste.

Sans laisser tomber l’idée d’intervenir dans des matières qui ne sont pas les miennes, j’ai tendance à orienter les clients qui s’adressent à moi, pour que j’intervienne dans des domaines que je ne maîtrise pas bien, vers des confrères et amis qui sont beaucoup plus familiers de ces matières.

La réciproque est vraie, puisque que quelques clients personnels me sont venus par l’intermédiaire d’amis avocats.

Quand je reçois un nouveau client, alors que je me sais déjà assez débordé par le travail que me confie mon cabinet et celui que j’ai pour le compte de mes clients personnels, j’essaye de jauger le temps que cela me prendra pour lui donner satisfaction.

Si j’estime que le problème juridique est simple et qu’il peut être résolu dans un temps raisonnable, je l’accepte sans trop me poser de question. Si je le juge complexe et surtout particulièrement chronophage, il me reste la possibilité d’apporter l’affaire au cabinet dans lequel je suis, afin que le temps que j’y consacrerais ne me soit pas ensuite reproché.

L’intérêt de ce système est que je peux continuer à suivre ce client, profiter de l’expertise des associés et collaborateurs de mon cabinet, tout en étant, en tant qu’apporteur d’affaires, intéressé à un pourcentage de ce qu’il rapportera.

Il existe, en réalité, toujours la tentation d’accepter tous les clients qui se présentent, mais je sais, grâce à l’expérience de certains de mes amis plus expérimentés que moi dans cette profession, que la situation devient vite intenable, sauf à accepter de travailler quasiment tous les week-end et de ne plus avoir de vie privée.

jeudi 11 février 2010

Points de vue extérieurs

Il m'arrive assez régulièrement de me retrouver entre amis qui n'exercent pas du tout le même métier que moi.

Qu'ils soient médecins, ingénieurs, juristes, fonctionnaires, artistes ou étudiants, j’ai pu constater que le regard qu'ils portent sur mon métier est souvent partagé entre l'attirance et la répulsion.

J'ai régulièrement avec eux de longs débats sur ce métier et l’intérêt que je lui porte.

Nombreux sont ceux qui me confient ne pas arriver à comprendre la capacité d'investissement en temps dont sont capables certains avocats, et ce, pour des rémunérations à peine supérieures voire inférieures aux leurs.

L'un d'entre eux, à qui je répondais que c'est un peu le propre de ce métier que de ne pas vraiment avoir d'horaires, m'a répondu ceci : « J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, ne serait-ce que pour cette raison, ton métier ne me fait pas du tout envie ».

Je vous fais grâce des regards scandalisés de certains à qui j’ai confié quelques unes des expériences vécues par des confrères et amis au sein de cabinets d’avocats.

Après bientôt un an et demi d’exercice, ces petites réunions entre amis d’horizons différents ont le don de me rappeler le caractère atypique de ma profession, tout en me confortant dans l’idée que c’est aussi parce qu’elle est spéciale que je l’apprécie tant...

mercredi 3 février 2010

Toutes affaires cessantes

Il y a dans ce métier, comme dans d’autres, des urgences qui vous tombent dessus sans prévenir.

Alors que j'imaginais vivre une journée assez « calme » durant laquelle j’avais prévu de finaliser quelques dossiers importants et d’en entamer d’autres, l’un des gros clients du cabinet appelle en catastrophe. Il explique qu’il a besoin de nos services et de notre assistance de façon à ce qu’il puisse avoir les éléments de réponse aux nombreuses questions qu’il se pose au plus tard pour la fin de la journée (19/20h).

Il est bien conscient qu’il nous en demande beaucoup dans un laps de temps très court, mais il est prêt à payer cher pour que soit fait dans les délais précités.

Cette journée commence donc par un coup de téléphone du client à mon associé. L’associé me fait ensuite un debriefing rapide concernant la demande précise du client.
Ses exigences sont claires. J’ai 10h à peine pour répondre aux attentes du client quand, d’ordinaire, il faut au minimum deux jours au junior que je suis pour traiter correctement ce type de problématique.

Etant donné l’urgence, je comprends sans trop de mal qu’il ne serait pas superflu que je prenne une pause déjeuner se résumant à manger quelque chose devant mon bureau en 10 minutes montre en main, si je veux avoir une chance d’être dans les temps.

J’essaie de relativiser la situation en me disant que c’est une bonne façon de tester mes limites ainsi que ma capacité à travailler efficacement dans un temps limité.
Quand vient la fin de la journée, je fais un point avec l’associé impatient et inquiet qui m’a confié ce travail, puis nous présentons ensemble au client, le travail revu et corrigé par ses soins.
Le client rend son verdict. Il est satisfait. L’associé est content qu’il le soit. Je le suis tout autant.

Puisque ce dossier était la priorité de ma journée et que les autres n’ont pas pu être traités, faute de temps, il faut ensuite que je consacre quelques minutes au traitement des affaires en souffrance.

Quelques minutes plus tard ; il est déjà 23h. Je pars donc du cabinet précisément 14 heures après y être arrivé…avec l’espoir que demain sera…un autre jour.

dimanche 24 janvier 2010

La condition sine qua non

Les études ont ceci de particulier qu’il suffit à un étudiant d’obtenir les notes suffisantes pour passer au niveau supérieur. Seul fait finalement exception le 3ème cycle pour lequel il faut, en plus des notes, passer un entretien pour décrocher le droit d’en faire partie.

L’exercice d’une profession, quelle qu’elle soit, implique de prendre conscience que ce temps est désormais révolu.
J’entends certains me dire qu’ils sont surpris de voir que des avocats brillants et travailleurs se sont vus débarquer de cabinets d’avocats et que d’autres n’ont pas pu accéder au poste qu’ils souhaitaient malgré un investissement colossal de leur part.

Je sais, pour en discuter avec des amis et confrères plus expérimentés que moi, que quand vient l’heure pour l’état major d’un cabinet d’avocats de décider lequel de ses collaborateurs seniors (5 ans et plus d’expérience) doit être nommé associé, il choisit celui qui, en plus d’être un excellent juriste, est en mesure de lui apporter des clients et d’en dénicher de nouveaux.

Dans mon entourage, l’idée selon laquelle un futur associé ne peut être qu’un avocat qui a un vrai don pour fédérer autour de lui et un long carnet d’adresses, a fait son chemin.

Je suis encore loin de pouvoir prétendre à quoi que ce soit en la matière, mais si je m’en réfère aux quelques exemples que j’ai autour de moi, tout porte à croire qu’ils n’ont pas totalement tort.

samedi 16 janvier 2010

Un grand barreau et un petit monde

Le Barreau de Paris est assez grand. On a coutume de dire que les avocats inscrits au barreau de Paris sont à peu près 25.000 pour un peu plus de 50.000 avocats inscrits sur toute la France.

Ce qui signifie que la moitié des avocats français est concentrée dans la capitale. Pour autant, je ne ressens pas plus que cela ce nombre pléthorique d’avocats dans la pratique quotidienne de mon métier. Cela s’explique sans doute par le fait que les cabinets parisiens sont nombreux à s’être organisés autour de différentes spécialités du droit.

Les collaborateurs qui y travaillent sont donc souvent confrontés au même panel, plus ou moins important, de cabinets exerçant dans le même domaine qu’eux, mais pour le compte de la partie adverse.
Cela est également valable dans les cabinets dits « full service » au sein desquels chaque département possède une activité propre et distincte de celle des autres.

Quand vous ajoutez à cela le fait que vous croisiez déjà sur les bancs de la fac, puis de l’école de formation des barreaux, la plupart des collaborateurs juniors qui se retrouvent face à vous lors des audiences de procédure de chambres du Tribunal de Grande Instance de Paris qui sont, elles aussi, organisées par domaines du droit, vous finissez par vous dire que le barreau de Paris est vraiment tout petit.

C’est un petit monde où chacun sait dans quels cabinets il ne fait pas bon vivre, où l’information circule vite et où, de façon générale, les collaborateurs échangent beaucoup entre eux quand ils se croisent, comme pour se convaincre du fait qu’il n’y a pas que chez eux que les deadlines sont courtes, les erreurs interdites, la pression forte et la « concurrence » omniprésente.

lundi 11 janvier 2010

Le client idéal

J’ai déjà eu quelques clients personnels depuis mes débuts d’avocats.
J’ai déjà eu affaire au client pour qui vous travaillez, qui promet en permanence qu’il vous paiera, mais qui ne paie finalement jamais.

Mais jusqu'ici, j'ai surtout connu ceux à qui vous accordez un forfait assez bas, parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer les honoraires classiques d’un avocat.

J’attendais encore de rencontrer le client providentiel.
Celui qui ne discute pas les prix, vous paie tout de suite, vous confie de beaux dossiers et tout cela, sans se dire qu’ils sont probablement trop complexes pour le jeune avocat débutant que vous êtes.

J’ai tout de même passé une sorte d’entretien d’évaluation face à lui et je me satisfais d’avoir, pour l’heure, répondu correctement à ses premières attentes. C’est typiquement le genre de clients qui, s'il est satisfait, peut vous en amener d’autres dans son sillage.

Gageons que si tout se passe comme je l’espère, je saurais, à court ou moyen terme, s’il est facile de concilier les dossiers personnels et ceux que je dois travailler pour le compte du cabinet dans lequel j'exerce.

mercredi 6 janvier 2010

C’est pour quand, déjà, la fin de la crise ?

Personne n’a vu venir le début de la crise. Dans ces conditions, plus personne (ou presque) ne se hasarde à donner des prévisions quant à sa fin.

2010, 2011, 2012…2015, peut-être ?

Refroidis par la cure d’amaigrissement contrainte et forcée à laquelle certains cabinets d’avocats ont dû s’astreindre dans le courant de l’année 2009, ils ne sont pas nombreux à avoir recruté comme ils ont pu le faire durant les années qui ont précédé la crise.

Même si je n’ai aucune idée des pourcentages exacts, les quelques échos que j’ai laissent entendre que le plein emploi des diplômés du CAPA, année 2009, n’est pas d’actualité…loin s’en faut.

La crise a encouragé les départs d’associés, notamment dans les spécialités réputées les plus touchées par la baisse d’activité (fusac, immobilier, etc.)
L’atmosphère est telle que les structures peu ou pas touchées par la crise en sont venues à provisionner dans l’attente de jours meilleurs et à ne pas embaucher de peur que cette crise les touche à leur tour.

Seuls les cabinets d’avocats débordés parce que spécialisés dans des domaines d’activités qui profitent traditionnellement des périodes de crise (droit social, procédures collectives, etc.) ou encore ceux qui ont vu bondir leur activité grâce à l’exode des « riches » clients institutionnels vers eux pour des raisons liées à une recherche de réduction des coûts, se hasardent encore à embaucher massivement de façon à répondre à une demande sans cesse croissante.

La crise a donc des répercussions sur les cabinets d’avocats, comme elle en a d’ailleurs sur l’ensemble de l’économie.
Vivement que la crise prenne fin. Vivement 201?

vendredi 1 janvier 2010

2010-01-01

Une nouvelle année débute. Elle sera, à n’en pas douter, déterminante dans mon parcours d’avocat.

L’expérience aidant, je me sens plus légitime pour gérer correctement des dossiers personnels et beaucoup plus à l’aise de leur gestion.
J’en transmets donc moins qu'avant à des confrères plus expérimentés que moi et je prends, dans la mesure du possible, la responsabilité de gérer seul et sans aide extérieure ceux qui me paraissent à ma portée.

La deuxième année de collaboration est réputée pour être celle des choix à faire.

Il semblerait que notre profil soit devenu intéressant pour notre cabinet eu égard à l’expertise et les automatismes acquis pendant près d’un an et demi, mais aussi pour d’autres cabinets d'avocats qui n'hésiteraient pas à nous le faire savoir.
L’expérience acquise donne même à certains des velléités d’indépendance avec en ligne de mire la création, à plus ou moins court terme, de leur propre cabinet d'avocats.

Alors que la crise continue à frapper de plein fouet la profession et que la conjoncture n'est donc toujours pas des plus favorables, l’avocat junior est résolument proactif.
Il l'est d'autant plus qu’il sait qu’il ne peut pas (plus ?) se permettre d'être passif.

Bonne année à tous.