jeudi 16 septembre 2010

Conseil et contentieux

J’ai déjà eu l’occasion de parler de mon attirance pour le contentieux. Pour cette procédure qui débute en recevant le client, en écoutant ses doléances et/ou ses craintes et qui s’achève par une plaidoirie visant à lui sauver la mise et/ou à sauvegarder au mieux ses intérêts.

Je rencontre souvent des avocats qui, faisant essentiellement du conseil, s’avouent peu attirés par le contentieux. Celui-ci serait chronophage et peu rémunérateur.

Pour ce qui est de son caractère chronophage, force est de constater qu’il monopolise effectivement du temps. Ce même temps qui, en tant que collaborateur au sein d’un cabinet, vous manque bien souvent.

Gérer un dossier contentieux nécessite d’assister à des audiences de procédure (souvent longues) et implique de nombreux déplacements au Palais. Cela s’accompagne de discussions téléphoniques fréquentes ainsi que de rendez-vous avec le client afin qu’il vous communique des pièces utiles au dossier ou pour qu’il réagisse aux arguments d’ordre factuel figurant dans les conclusions que vous aura adressé votre contradicteur.

Par ailleurs, au gré de la stratégie de votre confrère, notamment par le jeu des incidents de procédure et des renvois, il n’est pas rare qu’une affaire que vous pensiez (ou espériez) courte se prolonge de plusieurs mois.

Cette incertitude liée au temps que vous devrez consacrer à un dossier contentieux fait qu’il est parfois plus aisé de gérer des dossiers en conseil.

En matière de conseil, le client vient, en effet, vous voir pour que vous répondiez aux questions qu’il se pose et que vous trouviez des solutions juridiques à la problématique à laquelle il est conforté.

Lui répondre vous prendra plus ou moins de temps en fonction de la difficulté de la question, mais, en principe, une fois votre consultation achevée vous pouvez lui facturer votre prestation puis vous consacrer pleinement à vos autres dossiers.

Travailler sur de nombreux dossiers contentieux simultanément peut s’avérer lourd à gérer, qui plus est pour un avocat collaborateur junior, parce que ce type de dossier nécessite un suivi quasi-permanent sur de longs mois, voire des années.

A l’inverse, le conseil demande un travail souvent plus resserré dans le temps (le client exigeant une réponse dans des délais assez brefs), ce qui peut, paradoxalement, s’avérer être un avantage quand on se sait déjà très pris par les dossiers que nous confie le cabinet.

mercredi 8 septembre 2010

« Maître, je voudrais obtenir au minimum… »

Un client vient souvent vous voir avec une idée précise de ce qu’il pense être en droit de réclamer à la personne morale ou physique à qui il intente un procès.

Quand son dossier est solide et qu’il est convaincu d’être dans son bon droit, il n’est pas rare qu’il en parle autour de lui et que son entourage (pas forcement juriste de formation) l’encourage à demander des sommes diverses et variées sans rapport direct avec son cas et le préjudice qu’il a personnellement subi.

Là, où cela devient compliqué, c’est quand vous devez lui expliquer que les sommes qu’il entendait obtenir sont sans commune mesure avec ce qu’il est en mesure de réclamer dans le cadre d’une telle affaire.

En effet, même si caresser le client dans le sens du poil a du bon, lui donner espoir en une issue irréalisable n’est pas conforme à l’obligation de conseil que lui doit son avocat.
Vous devez d’ailleurs l’alerter également sur les éventuels risques générés par l’action qu’il envisage d’intenter.

Il faut donc, en pesant bien ses mots, lui indiquer pour quelles raisons il ne peut espérer obtenir au delà d'une certaine somme ainsi qu'une condamnation à un certain titre et non à un autre.

L’idée étant qu’il comprenne que ce n’est pas de peur de ne pas pouvoir obtenir que vous ferez des demandes inférieures à ses attentes, mais parce que toute demande doit être en corrélation directe avec un préjudice subi et que si les demandes se révèlent disproportionnées et/ou injustifiées la partie adverse ne manquera de le soulever, ce qui fera perdre une part de crédibilité et donc de force de persuasion à son dossier.