samedi 10 décembre 2011

Des œufs, un panier et une crise

J’ai commencé à exercer ce métier alors que LA crise avait déjà commencé.

Parce qu’en temps de crise, les entreprises ont tendance à tirer sur les prix de tous les prestataires avec lesquels elles travaillent, les cabinets d’avocats n’ont pas tardé à en faire les frais.

Des cabinets ont dû se séparer de collaborateurs et même d’associés pour s’adapter à la nouvelle conjoncture.

Indépendamment de cette crise, des confrères et amis plus expérimentés que moi, à la tête de leurs propres structures ou associés, m’ont régulièrement alerté sur le fait qu’il ne faut jamais faire dépendre l’équilibre d’un cabinet d’un seul et même client, pour la bonne et simple raison que si celui-ci devait prendre la décision de partir, le cabinet aurait de grandes difficultés à s’en remettre.

Le problème, quand on est avocat, est que les circonstances font qu’avec le temps, sans pour autant que ce soit l’unique client, vous devez inexorablement une grande partie de votre chiffre d’affaires à une seule et même entité.

Les circonstances font qu’un client, qui a confiance en vous, vous confie toujours plus du travail et qu’un avocat, quel qu’il soit, lui répond rarement :« Ecoutez non, je n’ai pas envie de faire dépendre une trop grande partie de mon chiffre d’affaires de votre structure, donc confiez plutôt ce travail à l’un de mes confrères ».

Là où cela se complique c’est quand cette structure, pour des raisons extérieures à la qualité de votre travail, est liquidée ou, et c’est encore plus fréquent en temps de crise, quand elle se fait racheter par son principal concurrent, lequel a déjà pleine confiance en son cabinet d’avocats habituel et ne souhaite donc pas en changer.

A cet instant, et cela vient d’arriver au cabinet dans lequel exerce l’un de mes confrères, vous vous rappelez, qu’en temps de crise les équilibres sont encore plus instables que d’ordinaire et qu’il vaut mieux avoir, sur le long terme, 20 clients réguliers qui paient 2.000 que 3 clients fidèles qui paient 30.000…

Une histoire d’œufs, de panier...et de crise.

dimanche 4 décembre 2011

Merci Maître !

La reconnaissance du client est ce à quoi aspire tout avocat digne de ce nom.

On a tendance à nous expliquer que l’avocat à un adversaire naturel qui serait la partie adverse, mais que, parfois, son propre client peut lui poser des difficultés.

C’est particulièrement vrai quand son client lui ment et dessert ainsi ses propres intérêts ou encore, cas plus fréquent, quand ce dernier accepte mal les recommandations de son conseil.

Dans ces conditions, cela vous oblige, d’abord, à redoubler de force de persuasion pour convaincre votre client de la justesse de votre stratégie, avant même de commencer à persuader le Tribunal de la pertinence de votre argumentation.

Parce que l’issue d’un litige est toujours incertaine, j’ai tendance à ne jamais rien promettre à mes clients et ce, même quand l’affaire paraît gagnée d’avance.

J’ai vu trop de retournements de situations où, « sans trop savoir pourquoi » un Tribunal décidait que la partie adverse était totalement dans son droit et que le client que je défendais avait soit partiellement, soit complètement tort, pour promettre quoi que ce soit, à qui que ce soit.

Dans ces conditions, même si la voie de l’appel reste ouverte, vous devrez faire avec la déception de votre client qui attendra plusieurs mois avant qu’un nouveau degré de juridiction lui donne enfin raison.

En revanche, l’un des avantages de ne jamais rien promettre tient dans l’effet de surprise qui naît chez votre client quand vous lui annoncez LA bonne nouvelle.

Vous pouvez lui expliquer que vous vous êtes gardé de tout triomphalisme avant qu’un jugement soit rendu, mais que le Tribunal a fait droit à l’ensemble de ses demandes.

A cet instant vous avez invariablement droit à un silence suivi d’un : « Merci beaucoup Maître ! », plus ou moins teinté d’émotion selon l’importance de l’enjeu pour le client.

Une vraie satisfaction pour l'avocat que vous êtes.

mardi 29 novembre 2011

C’est différent, mais tout aussi intense

Le titre de ce post est exactement la réponse que j’ai donnée à un stagiaire du cabinet quand il est venu me demander ce qui changeait entre mes débuts d’avocats et mon état d’esprit 3 ans plus tard.

Je lui ai expliqué que l’on maitrise indéniablement mieux son sujet.
On rédige mieux, plus vite et de façon plus pertinente les consultations et autres conclusions que l’on nous confie.

On est beaucoup plus sûr de nous et des positions que l’on prend. Voilà pour le positif.

Le paradoxe de cette situation vient du fait que cette « maitrise » durement acquise, qui devrait normalement rendre nos journées moins stressantes, est la principale raison pour laquelle nous avons désormais beaucoup moins de temps pour faire beaucoup plus de choses.

Evidemment, vous n’êtes pas le seul à vous être rendu compte de votre progression. Les associés de votre cabinet s’en sont aperçus et exigent maintenant de vous, qui n’êtes plus « un junior de chez junior », un travail encore plus impeccable, précis et surtout en conformité avec ce qu’il vous paie désormais (parce que vous avez été très généreusement augmenté de + ou - 10% chaque année malgré la crise).

Et cela, c’est sans compter vos clients personnels pour lesquels vous acceptez de gérer des dossiers plus complexes et plus pointus qu’à vos débuts.

Dès lors, comme je le disais au stagiaire qui espérait que je lui dise qu’avec le temps et l’expérience le métier d’avocat devenait plus facile à appréhender…« rassurez-vous, 3 ans après, c’est différent, mais tout aussi intense ».

samedi 29 octobre 2011

« Non, je ne suis pas magicien »

Il m’arrive régulièrement de recevoir des clients qui se méprennent quelque peu sur les capacités d’un avocat.

Certes, il est possible, dans certains domaines, notamment en droit pénal, de traquer la faille d’un dossier et de s’en servir pour sortir son client d’une situation particulièrement compromise.

J’ai d’ailleurs tendance à penser que ce domaine du droit, très médiatisé, contribue fortement à faire croire au grand public que le droit n’est qu’affaire de faille juridique à trouver pour pouvoir s’en sortir à bon compte.

Il arrive, en effet, dans certaines matières très techniques, qu’une erreur, d’apparence minime, ait été commise par votre contradicteur. Mais cela est donc conditionné par le fait que votre confrère ne soit pas un avocat déjà rompu à la procédure en la matière.

Le droit et la magie ont ceci de différent qu’il n’est pas possible pour un avocat de faire disparaître des preuves accablantes, ni même de convaincre un juge qu’une pomme est en fait un cheval.

C’est ce qui est souvent difficile à expliquer au client qui vient vous voir pour que tel un illusionniste vous trouviez LA faille qui lui permettra de sortir par le haut d’une situation dans laquelle il a pourtant tort à 100%.

Dans ce type de situation, je choisis d’être le plus clair possible avec le client.

« Oui, votre affaire me paraît mal engagée »…
« Oui, je vais tenter de voir si des arguments pertinents peuvent être opposés à votre contradicteur »…

« Non, je ne suis pas magicien ».

vendredi 21 octobre 2011

LE client est roi

Même si tous les clients ont vocation à être traités de la même façon, cela reste en pratique un vœu pieux.

Je connais très peu d’avocats qui ne soient pas débordés, ou en passe de l’être.

Dans ces conditions, selon l’importance du client dans son activité, une différence de traitement sera opérée eu égard à la nécessité de rationaliser le temps de travail.

Je suis confronté depuis quelques mois à cette situation. J’ai un gros et très exigeant client à gérer (le cabinet dans lequel j’effectue ma collaboration), deux clients personnels importants à mes yeux au motif que je les gère seul (et parce que plus le temps passe et plus ils me confient de dossiers à traiter), et enfin quelques petits clients qui s’adressent à moi pour des affaires ponctuelles.

Je dois reconnaître que l’état d’urgence permanent dans lequel se retrouvent certains de mes confrères qui ne savent, ne veulent ou ne pas peuvent pas refuser un dossier, ne me fait pas rêver.

J’essaye donc, même si c’est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît, de veiller à ne m’engager qu’à faire ce que je serai en mesure de réaliser dans les délais impartis, eu égard à mon état de charge.

Cela implique très souvent de faire primer, d’une façon ou d’une autre, les doléances des clients "importants" sur celles de ceux qui le sont moins...

jeudi 29 septembre 2011

3 ans plus tard, la donne a changé

Je vais fêter dans quelques jours mes 3 ans d’expérience en tant qu’avocat collaborateur et entrer, par la même occasion, dans ma 4ème année.

Depuis mes débuts, force est de constater que de nombreuses choses ont changé tant dans ma profession que dans ma façon de l’appréhender.

J’ai débuté ma collaboration en même temps que l'annonce de la crise des subprimes.
Même si mon cabinet n’a pas trop eu à subir le contrecoup de la crise, cette dernière, qui s’est muée en crise des dettes souveraines, reste palpable.

Les clients qui payaient jadis sans rechigner, aujourd’hui négocient, quand ils ne refusent pas purement et simplement de payer.

Les cabinets sont nombreux à avoir dû réduire considérablement la voilure et les élèves -avocats diplômés des CAPA 2010 et 2011 ont pu et peuvent s’apercevoir de la difficulté réelle à trouver une première collaboration.

Au delà de la situation économique, mon état d’esprit a également changé.
Je suis beaucoup plus autonome qu’à mes débuts et mes envies s’en ressentent.

J’apprécie toujours de travailler pour le compte d’un autre, d’autant plus quand les dossiers que cette collaboration m’amène à traiter sont intéressants et stimulants intellectuellement, mais j’ai depuis quelques mois, réussi à développer une clientèle personnelle qui m'intéresse tout autant, sinon plus, et m’oblige donc à faire un choix.

Travailler à plein temps dans un cabinet demande, en effet, un investissement de tous les instants.
Quand vous gagnez en expérience, vous faites les choses plus vite, ce qui vous devrait normalement vous dégager plus du temps pour traiter les dossiers de vos clients personnels.
Dans les faits, la plupart des associés qui constatent votre progression et votre capacité à faire plus vite (et mieux) ce qu’ils vous demandent sont tout aussi prompts à vous confier plus de dossiers et plus d’audiences à assurer.

Dans ces conditions, répondre à une demande grandissante de mes clients personnels est de plus en plus difficile et intenable à court ou moyen terme, sauf à accepter définitivement l’idée selon laquelle à la fin d’une (déjà) longue journée de travail au cabinet commence une nouvelle journée (week-end compris) dédiée à mes propres clients.

Parce que j’aime travailler, mais également profiter de la vie, j’ai pris la décision que ma 3ème année de collaboration sera ma dernière en tant que collaborateur au sein de ce cabinet, au regard de ma réelle difficulté à concilier clientèle personnelle et dossiers du cabinet et au constat que les choses ne sont pas prêtes de changer.

Parce qu’un collaborateur de 3 ans d’expérience est un profil assez recherché, j’ai été récemment approché par un cabinet que j’apprécie et à qui j’ai expliqué ma situation et mes aspirations, à savoir celles de pouvoir concilier plus ou moins sereinement une clientèle personnelle grandissante et les dossiers du cabinet.

La perspective ne l'ayant pas découragé de me faire une proposition ferme et le courant étant bien passé entre nous, je vais annoncer dans quelques semaines mon départ au cabinet qui m’emploie et partir vers une nouvelle aventure de collaboration, qui, c’est du moins l’objectif avoué, devrait me permettre de ne plus avoir à refuser des dossiers par manque de temps pour le traiter et/ou par peur que cela me soit reproché.

Pour l'heure, je ne m’estime pas encore assez courageux et déterminé pour sauter le pas de la création d'un cabinet commun avec des confrères et amis.

Même si je ne ferme pas la porte à cette éventualité (bien au contraire), je mesure le chemin parcouru depuis mes débuts et reconnais que, sur bien des points, la donne a changé.

vendredi 16 septembre 2011

La tentation « juriste »

A bientôt 3 ans de mes débuts d’avocat, je constate que de plus en plus d’amis et confrères d’une expérience plus ou moins similaire à la mienne font, sans le moins regret, le choix de la reconversion.

Même si chaque cas est particulier, le contexte qui les amène à prendre cette décision est très souvent une très belle proposition faite par une entreprise.

L’entreprise peut, en effet, présenter de nombreux avantages pour un jeune avocat.
La première est qu’elle est souvent demandeuse du profil d’un avocat qui intégrerait son service juridique. L’idée étant de recruter en interne quelqu’un de rompu à la pratique, de façon à permettre à la structure de trouver les réponses aux questions juridiques qu’elle se pose, en sollicitant le moins possible le concours extérieur d’un cabinet d’avocats.

La proposition qui est faite à l’avocat consiste bien souvent à rejoindre un poste haut placé dans l’organigramme de la structure avec la rémunération qui l’accompagne.

Les confrères que j’ai vu partir ces derniers mois en direction du monde de l’entreprise l’ont toujours fait en faveur d’un poste qui allait leur rapporter plus que ce qu’ils gagnaient et qui s’avérait, en termes de responsabilité, être un challenge intéressant.

Le deuxième avantage est celui des horaires. Même si, comme tout cadre qui se respecte, l’avocat sera soumis au forfait jour et à des horaires soutenus, l’entreprise présente l’avantage d’avoir des horaires moins contraignants ou, du moins, plus prévisibles que ceux d’un cabinet d’avocats.

Même s’il m’arrive encore parfois de décommander des restaurants ou des sorties prévus à l’avance en raison d’une « urgence-cabinet » , ceux de mes confrères qui ont l’impression de n’avoir fait que cela depuis 3 ans (faute pour les restaurants de servir après 23h), trouvent dans le monde de l’entreprise l’opportunité de ne plus avoir à mettre leur vie sociale entre parenthèse.

Un autre avantage est celui des vacances. Elles se résument à 5 semaines dans le métier d’avocat (quand il est possible de les prendre toutes). Elles peuvent aller jusqu’à 10 semaines dans quelques unes des entreprises qu’ont décidé de rejoindre mes ex-confrères.

Le dernier intérêt du métier de juriste découle directement de l’importance du juridique dans une entreprise en comparaison à ce qu’il représente dans un cabinet d’avocat.

Au sein d'un service juridique, vous avez la responsabilité de veiller à ce que tout ce qui est signé, validé ou décidé par l’entreprise soit conforme à la loi. Ce n’est cependant pas du département juridique d’une société que dépendront les performances financières de la société.

A l’inverse, la survie d’un cabinet d’avocats dépend en grande partie de la qualité du travail que vous réalisez.

La dose de stress subie sera donc, la plupart du temps, moins importante pour un juriste qu’elle ne l’est pour un avocat en exercice.

Pour toutes ces raisons, je ne suis pas vraiment surpris par l’engouement que suscite le métier de juriste d’entreprise chez de nombreux confrères d’une expérience supérieure ou égale à la mienne.

Je ne les envie pas, mais je comprends tout à fait ce qui peut les amener à une telle « extrémité ».

mercredi 7 septembre 2011

Expliquer simplement des choses complexes

La rédaction d’une consultation juridique est un exercice intellectuel assez intéressant.

Le client vous pose une question dont il n'a généralement aucune idée de la réponse. Parfois, il pense avoir la bonne réponse, mais, eu égard à l'enjeu, il préfère ne pas prendre le risque de s'être trompé dans les grandes largeurs.

Quelles que soient les raisons qui l'amènent à vous poser cette question juridique, votre travail consistera toujours à lui donner la réponse la plus précise possible, en gardant à l'esprit qu'il est très souvent peu habitué au langage et au raisonnement juridiques.

Même des problématiques complexes peuvent et doivent être rendues abordables, faute de quoi le client reviendra inévitablement vers vous pour vous poser un bon nombre de questions complémentaires qui n'auront en réalité pour but que de savoir ce que vous "entendiez par ça" ou "par ça".

Il faudra cependant vous garder d'éluder des problèmes et difficultés juridiques au prétexte qu'ils seront jugés comme trop compliqués par le client, dans l'hypothèse où vous les évoqueriez dans la consultation.

Tout l'art de la consultation consiste justement à réussir à expliquer des choses complexes en leur donnant une apparence de simplicité.

mardi 16 août 2011

Une petite renommée

L’équation est souvent assez simple chez les avocats.
Plus vous vous faites connaître par les résultats et/ou par le professionnalisme dont vous faites preuve et plus les clients vous sollicitent. Cette réputation peut être le fait du bouche à oreille comme celui des médias.

Vous passez à la télévision ou vous donnez des interviews dans la presse régionale ou nationale concernant un sujet d’actualité ou une affaire médiatique dans le cadre de laquelle vous intervenez et vous pouvez être à peu près certain que le téléphone de votre cabinet sonnera très rapidement.

Dès lors, plus les clients vous sollicitent et plus vous êtes en mesure de choisir avec qui travailler (l’avocat étant libre de refuser ou d’accepter une affaire) et dans quelles conditions vous souhaitez le faire.
Vous êtes, par ailleurs, plus à même d’expliquer à vos clients en quoi ce que vous leur demandez en termes d’honoraires se justifie, quand votre réputation vous précède.

Un client qui ne vous connaît ni de nom ni de réputation a souvent du mal à comprendre en quoi la mission qu’il va vous confier justifie vos honoraires. « X euros de l’heure ?!! Ce n’est pas non plus comme si on vous demandait de construire une maison ou de sauver le monde ? » m’a sorti, un brin provocateur, un ami durant mes vacances.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, certains clients, souvent non familiers aux professions libérales juridiques, se font une fausse image des prestations à forte connotation intellectuelle.

Pour résumé, parce qu’il nous suffirait de réfléchir et de compiler des connaissances acquises pour répondre aux questions que pose un client, c’est donc la preuve que notre travail ne doit pas valoir bien cher.

La notoriété aide à choisir ses clients et permet également de mieux organiser son temps de travail.

Travaillez plus ne garantissant pas obligatoirement de gagner plus à partir du moment où on peut décider de travailler pour une multitude d’affaires en prenant des sommes symboliques pour chacune d’entre elles (faisant ainsi primer le volume d’affaires sur le reste) plutôt que de choisir de ne travailler que sur des dossiers plus pointus, moins nombreux, mais beaucoup plus rémunérateurs.

Dans un contexte où près de 23.000 avocats se côtoient sur le seul Barreau de Paris, la renommée, aussi petite soit-elle, permet d’envisager de passer du stade où c’est la chance et/ou le hasard qui met sur votre chemin un client intéressant à celui où des clients du même profil commencent à se « bousculer » à votre porte.

Encore faut-il réussir se faire connaître…

lundi 11 juillet 2011

Une part de psychologie

En recevant mes propres clients comme ceux du cabinet, je suis assez souvent stupéfait par les mots qu’ils emploient.

Je fais peu de droit pénal et je ne pratique pas le droit de la famille.
Dès lors, quand j’entends parler de trahison, de volonté de ne « pas laisser passer cela », et tout cela avec des trémolos dans la voix, je m’aperçois que l’avocat est bien souvent, non seulement un juriste chargé de dénouer des situations de faits d’apparence complexe, mais aussi le réceptacle d’un certain nombre de douleurs et de frustrations présentes dans l’esprit de son client.

Le premier rendez-vous et souvent quelques uns de ceux qui suivent ne peuvent faire l’économie d’une attention particulière à l’égard des souffrances générées par la situation juridique dans laquelle se trouve le client.

J’ai tendance à expliquer très rapidement à mes clients que le contexte global a son importance, mais que seuls des faits précis, qualifiables juridiquement et utiles pour le dossier, ont un réel intérêt pour moi.

Même si je ne suis pas psychologue, je conçois néanmoins très bien qu’il faille, dans la gestion de la relation avec le client, faire preuve d’une part, plus ou moins importante, de psychologie.

mercredi 6 juillet 2011

En toute confraternité

La profession d'avocat compte en son sein des confrères qui se doivent déontologiquement un respect tout particulier.

Même si nous sommes contradicteurs dans une affaire, parce que nous défendons les intérêts de clients qui sont adversaires, il nous est interdit de nous insulter et nous devons nous garder de mettre un confrère dans l'embarras, notamment, en jouant de malices pour tromper sa vigilance.

Ce principe, qui n'est, me dit-on, pas toujours respecté, n'empêche pas que, lorsque vient le moment de plaider une affaire, chacun des avocats reste convaincu qu'il est fondamental pour l'issue du dossier que l'impression qu'il donnera au juge lors de l'audience soit meilleure que celle laissée par son contradicteur.

C'est à cet instant que la confraternité trouve ses limites.

Certains confrères, le plus souvent ceux qui sont plus âgés que moi, voient parfois dans la confrontation à un jeune avocat une belle occasion d'apprendre la vie à quelqu'un.

Cela passe par des « tentatives d'intimidation » avant l'audience, sous la forme du classique : « Mais votre dossier est vide, cher confrère ! », puis en cours d'audience par toutes ces formules plus ou moins subtiles qui ont pour objectif de rappeler aux juges que l'ainé, dépositaire du talent et de l'expérience, c'est lui et que le jeune débutant, c'est vous.

Preuve que ce type de schéma n'est pas si récurrent que cela, il m'était, en à peu près de 3 ans d'expérience, parfois arrivé d'assister à des scènes de ce genre, mais je n'avais jusqu'ici jamais été partie prenante de telles prises de bec.

Parce qu'il faut un début à tout, lors d'un déplacement dans un barreau extérieur la semaine dernière, j'ai eu droit à un véritable show de la part de mon confrère.

Lui qui jouait à domicile avait visiblement décidé de me le faire savoir dans les grandes largeurs.
Son seul soucis était que l'adversité a tendance à me galvaniser et surtout que son dossier était mal ficelé tant sur le fond que sur la procédure stricto sensu.

Parlant en dernier, parce que défendeur dans le cadre de cette affaire, je ne me suis donc pas gêné pour le lui faire remarquer, avec les formes et « quasiment » en toute confraternité, devant des juges et quelques confrères qui, sourire aux lèvres, m'ont indiqué ne pas regretter d'avoir eu l'occasion d'assister à cela.

mercredi 29 juin 2011

Chronophage contentieux

L'un des inconvénients dans le fait d'avoir une activité en grande partie contentieuse tient au fait que vous ne maitrisez pas grand chose dans le calendrier des affaires que vous avez.

La plaidoirie d'une affaire peut tomber à un moment où le cabinet pour lequel vous travaillez a vraiment besoin de vous, ou encore tomber au même moment (mais pas au même endroit) qu'une affaire pour le compte d'un client personnel.

Outre le fait que la gestion d’un contentieux implique de vous absenter régulièrement du cabinet, une fois que vous êtes au tribunal vous pouvez découvrir que vous êtes le 22ème sur le rôle, que les audiences ont du retard et qu'en conséquence vous en avez pour 3 heures d’attente.

Le contentieux est donc une activité chronographe non maitrisable, à l’inverse du conseil qui implique certes un travail important, mais un travail que vous serez en mesure de réaliser dans un laps de temps plus ou moins resserré en fonction de votre propre capacité à répondre de façon rapide et efficace aux questions que se pose votre client.

Sauf à se déplacer systématiquement au tribunal avec ses dossiers sous le bras ou avec son ordinateur portable afin de travailler pendant le temps d'attente, on y perd souvent un temps précieux.

Un temps qu'il faudra, bien entendu, rattraper dès le retour au cabinet.

vendredi 10 juin 2011

La puissance du réseau

Alors que l’un de mes confrères fait la une de la presse en raison d’un prétendu « conflit d’intérêts », je profite de l’occasion pour m’arrêter quelques secondes sur la puissance supposée de ce qu'on appelle le réseau.

Dans le métier d’avocat, comme dans d’autres professions libérales, il est indéniable que le fait de connaître du monde a son importance. En clair, plus vous connaissez de personnes et plus vous augmentez les chances que ces personnes parlent de vous en de bons termes et vous recommandent auprès de potentiels clients.

Mais le réseau ne fait pas tout. Il faut, en effet, que vos compétences et votre spécialité soient en adéquation avec les demandes de votre entourage pour que cela puisse vous être profitable. Si l’essentiel de votre réseau est demandeur d’une expertise en droit des sociétés et que vous maitrisez essentiellement le droit pénal, connaître du monde ne sera, en réalité, utile qu’aux confrères à qui vous lui recommandez de s’adresser.

Par ailleurs, quand votre réseau ou votre entourage vous apporte sur un plateau un client important, encore faut-il être en mesure de répondre correctement à ses attentes. Il faut que vous puissiez prétendre à une expertise qu’il jugera suffisante (ce qui n’est pas évident quand on est junior) et que vous ayez le temps matériel de gérer ses demandes (ce qui est encore moins évident quand on débute).

Etre collaborateur dans un cabinet et avoir un ou plusieurs clients importants à gérer n’est donc pas chose facile, tant il est compliqué de concilier les urgences de la clientèle de son cabinet avec celles de ses propres clients.

D’ailleurs, lorsqu’un confrère réussit par son réseau et ses compétences à développer une clientèle personnelle conséquente, il finit généralement par se lancer dans l’aventure de la création de son propre structure (ou d’une structure commune avec quelques confrères) conscient qu’il est qu’il pourrait gagner plus, ou tout autant, en étant maître de son emploi du temps.

dimanche 29 mai 2011

Avoir le temps de…

Quasiment toutes les fois où je discute avec des confrères de la profession d’avocat, le débat finit par s’orienter vers une question de gestion du temps.

Celui qui gagne bien (voire très bien) sa vie en tant que collaborateur d’un cabinet anglo-saxon dira regretter quelque peu de ne pas avoir la possibilité, eu égard à ses horaires, d’envisager, ne serait-ce qu’une seconde, de développer une quelconque clientèle personnelle.

Celui qui gagne beaucoup moins bien sa vie en tant que collaborateur d’une petite ou moyenne structure aimerait avoir plus de temps à consacrer à sa clientèle personnelle et ainsi compenser quelque peu l’écart qui le sépare de ses confrères de gros cabinets.

Reste que quelque soit la configuration, vous vous retrouvez assez souvent devant le constat suivant : dans ce métier, il faut abattre (sauf rares exceptions) beaucoup de travail et y consacrer un temps considérable pour espérer bien (voire très bien) gagner sa vie.

Dans ce cas de figure, ce n’est finalement plus le temps pour développer sa clientèle personnelle qui vient à manquer, mais celui consacré à sa vie privée.

lundi 9 mai 2011

Savoir annoncer les mauvaises nouvelles

Je perçois chez certains clients qui me consultent, à titre personnel ou pour le compte du cabinet pour lequel je travaille, une volonté que je leur dise uniquement ce qu’ils ont envie d’entendre.

Avant d’avoir pu consulter les documents que je leur demande de me faire parvenir, ils ont une fâcheuse (mais bien compréhensible) tendance à résumer leur litige en minimisant ce qui pourrait leur être préjudiciable et en insistant sur une partie du litige qui leur donnerait prétendument raison.
L’expérience aidant, je commence à « détecter » ce type de situation un peu plus facilement.

L’avocat a une obligation de conseil qui doit le pousser à indiquer à son client quelle est la réalité de la situation à laquelle il est confronté sans exagérer les risques, mais en ne les minimisant pas pour autant.

S'il laisse entendre à son client que l’action que ce dernier le pousse à engager a de grandes chances de succès sans prendre le temps de l’alerter sur les risques qu’il prend eu égard aux nombreux points faibles du dossier, il engage sa responsabilité.

S’il ne lui dit pas, après une analyse complète du dossier, qu’étant donné sa situation, il a tout intérêt à ne pas persister dans l’erreur et donc à sortir de l'illégalité dans laquelle il se trouve, il manque également à son devoir de conseil.

En clair, l’avocat n’a pas à suivre l’analyse de la situation faite par son client, et ce d’autant plus quand ledit client n’est pas un juriste et qu’il apprécie le litige auquel il est confronté essentiellement à l’aune de ses sentiments personnels. Lesquels lui dictent, bien souvent, qu’il a raison et que les autres ont tort.

L’avocat peut (et doit) parfois être celui qui sait annoncer les mauvaises nouvelles, quand il arrive à la conclusion qu’il ne peut en être autrement.

Même si, comme cela m’est arrivé aujourd’hui, vous ne faites pas un heureux, le client, une fois la déception passée réfléchira peut être au fait que vous lui avez épargné une action en justice qu’il aurait au final perdue, avec notamment comme sanction de devoir payer les frais d’avocat du défendeur...

jeudi 28 avril 2011

Provisionnez !

L’avocat libéral, quand il n’est donc pas salarié, doit payer lui-même ses charges professionnelles et impôts sur les sommes que lui versent le cabinet qui l’emploie et les clients qu’il a, à titre personnel.

Il faut savoir, pour ceux qui débuteraient à peine dans la profession, que les appels de charges sont forfaitisés les deux premières années et donc bien souvent sous évalués par rapport à vos revenus réels.

On en arrive vite à la situation où vous avez en provisionnant, comme il est souvent conseillé, 40 à 50% des sommes en prévision de ce qui sera notamment réclamé en année n+2 par l’URSSAF, le RSI, l’Ordre, une somme assez conséquente sur votre compte. Cet état de fait n'a, malheureusement, pas vocation à durer.

Plus de deux ans et demi après mes débuts, je ne peux que confirmer qu’il vaut mieux provisionner 40 voire (si vous voulez éviter toute mauvaise surprise) 50% des sommes que vous percevez de façon à payer vos charges et vos impôts futurs.

La tentation de dépenser (sans compter) ce qui « dort » sur un compte en banque a, en effet, été à l’origine de bien mauvaises surprises chez quelques uns de mes confrères qui n’ont pas su (pu?) (voulu?) marquer une frontière entre ce qui était à eux et ce qui ne leur appartenait pas vraiment...

mercredi 6 avril 2011

Génération ASAP

L’avocat du 21ème siècle est bien souvent sous tension du matin au soir.

A sa décharge, il a, entre les mains, tous les outils pour l’être ou le devenir à plus ou moins court terme.

S’il n’en a pas déjà un, son cabinet lui « offrira » un BlackBerry de façon à ce qu’il soit joignable à tout moment, mais aussi et surtout afin qu’il puisse relever ses mails professionnels à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et ce, quel que soit l’endroit où il se trouve.

Là où à une autre époque, l’associé devait attendre le retour du collaborateur pour pouvoir lui expliquer en détails sur quel dossier urgent il allait devoir travailler pour le compte d'un client, internet lui permet désormais de l’informer immédiatement (via la touche forward ou transférer) de ce qu’il en retourne, pièces jointes et consignes à l’appui.

Mes confrères, à qui on laisse le choix entre avoir ou non un BlackBerry, optent assez souvent pour le fait de ne pas en avoir.
Conscients qu’ils sont que le progrès n’a pas que des bons côtés et que l’on est très vite tentés de prendre du temps sur sa vie privée pour commencer à traiter, durant le week-end ou pendant les vacances, une question envoyée innocemment par un associé.

Les nouvelles technologies ont développé, chez le client, comme chez certains avocats, une vraie culture de l’immédiateté.
On attend désormais une réponse rapide et complète à la question que l’on vient, pourtant, à peine de poser.

As Soon As Possible est, en quelque sorte, le mot d’ordre d’une nouvelle génération d’avocat, tandis que dans l’esprit de certains clients, à l’impossible l’avocat est, tout de même, tenu.

lundi 21 mars 2011

2/3 ans d’expérience

Ce qu’il y a d’intéressant dans le fait de prendre de l’expérience est qu’il devient possible (du moins en contentieux) de prévoir à l’avance les arguments qui seront développés par la partie adverse.

Vous pouvez même vous prêter au jeu d’indiquer à votre client quelles sont les faiblesses de son dossier que le confrère adverse ne manquera pas de relever. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, sauf agréable surprise pour le client comme pour vous-même, l’argumentaire en réponse (ou en demande) est, en effet, bien souvent le même.

Quand cela fait deux ans et demi que vous exercez, les problématiques que vous avez traitées ont tendance à se poser à nouveau. Dès lors, vous devenez progressivement « un spécialiste » d’une ou plusieurs questions de droit spécifiques à votre spécialité.

L’avantage indéniable de cette situation tient dans le temps que vous prenez pour réaliser le travail que l’on vous confie. Dans ce laps de temps toujours plus court, la qualité et la forme du travail réalisé se bonifient.

C’est donc tout bénéf’ pour vous, pour le client, mais aussi pour le cabinet qui vous emploie. C’est d’ailleurs l'une des raisons pour lesquelles l’un des profils les plus recherchés sur le marché est celui de l’avocat junior de 2/3 ans d’expérience.

Il en a suffisamment pour pouvoir travailler quasiment seul et ce de façon efficace, tout en restant abordable en termes de rétrocession d’honoraires.

mercredi 2 mars 2011

Mise à jour

Je reste toujours autant stupéfait par la somme de notions qu’il convient, non pas de connaître par cœur, mais d’avoir correctement intégrée pour pouvoir prétendre être un avocat compétent dans son domaine.

Même si les grands principes datent de plusieurs siècles, la jurisprudence évolue sans cesse et les lois également.

En raison de cette constante évolution, un avocat se doit donc d’être en formation permanente puisque l’évolution du droit est partie prenante de sa profession et qu’il pourrait engager sa responsabilité professionnelle envers de son client en ne la connaissant pas.

C’est en grande partie pour cette raison que le Barreau oblige les avocats, quels qu’ils soient, à se former une vingtaine d’heure par an dans les domaines qu’ils souhaitent.

Certains cabinets d’avocats ont pris le parti d’ajouter à cette formation continue des séances de revues de presse hebdomadaires ou mensuelles entre collaborateurs de façon à déterminer, discipline par discipline, ce qui fait l’actualité du moment (sic) et/ou ce qui constitue un important revirement de jurisprudence.

Ces debrief’ sont une bonne occasion d’échanger entre confrères de spécialités différentes et de partager des connaissances qui s’avèreront utiles à tous.

dimanche 13 février 2011

Le tempo

La gestion du temps est une problématique permanente dans ce métier. Quand vous êtes collaborateur, sauf rares exceptions, vous êtes constamment débordé. Il peut arriver que vous passiez deux voire trois jours sans avoir grand chose à faire, mais les associés finissant souvent par s’en rendre compte, cet état ne dure jamais.

Avant d’embrasser cette profession, je pensais naïvement qu’il suffisait d’être bien organisé pour ne pas être débordé. La réalité est toute autre. Le client décide assez (trop) souvent de contacter son avocat quand il s’aperçoit qu’il ne peut plus faire autrement qu’en passer par là.

Dans ces conditions, quand il consent à le faire, il est très pressé par le temps et désireux que l’on s’occupe de son affaire prioritairement. L’avocat (l’associé) qui accepte son dossier doit donc agir vite et bien. Pour cela, il a tout juste le temps de confier la gestion d’une partie significative de cette affaire à l’un de ses collaborateurs, avant de lui expliquer qu’il a (à son tour) très peu de temps pour rendre un travail complet et à forte valeur ajoutée.

Voilà comment un collaborateur, qui était pourtant très loin d’être désœuvré, passe de chargé à sous l’eau.

Sans dire que le quotidien d’un avocat consiste à être débordé en permanence, je dois reconnaître que ces moments sont largement majoritaires.

Et parce que ce n’est pas vraiment lui qui donne le tempo, mais son client, tout cela n’est pas près de changer…

mardi 1 février 2011

Un cabinet d’avocats

Plus je discute avec mes confrères, plus nous confrontons nos expériences respectives et plus je m’aperçois que travailler correctement est quelque chose d’indispensable pour garder son poste au sein d’un cabinet d’avocats, mais en aucun cas un élément suffisant.

Ce n’est, en effet, qu’une partie de ce qui déterminera si vous ferez carrière ou pas dans le cabinet en question.

Inutile de le nier, le cabinet d’avocats qu’il soit petit, moyen ou grand est un endroit où se côtoient de nombreux égos.

Celui des associés qui veulent marquer leur autorité et qui le font (bien souvent) mal, obnubilés qu’ils sont de devoir maintenir ou augmenter leur chiffre d’affaires d’une année sur l’autre, celui des collaborateurs qui supportent (parfois) mal la façon dont on s’adresse à eux et qui peuvent notamment se lasser de ne pas être suffisamment valorisés vis-à-vis des clients, celui des stagiaires qui apprécient peu d’être cantonnés à des recherches alors qu’ils sont venus apprendre la profession d’avocat qu’ils s’apprêtent à embrasser dans quelques mois.

Si vous ajoutez à cela le fait que tout ce beau monde se voit au minimum 5 jours sur 7 à raison de 11 à 16 heures par jour, vous comprendrez assez vite qu’un collaborateur « moyen » peut compenser son manque d’expertise par une vraie capacité à composer avec les gens qui l’entourent alors même qu’un avocat brillant (quand il est junior) sera tôt ou tard sanctionné s’il n’arrive pas à se fondre dans ce moule où coexistent des égos souvent démesurés, qu’est le cabinet d’avocats.

Un conseil à l’attention des juniors qui entrent tout juste dans la profession : soyez bons, mais soignez aussi vos relations avec les confrères qui vous entourent. A bon entendeur...

mardi 18 janvier 2011

Le travail coopératif

L’un des intérêts quand on est intégré à une structure de moyenne ou de grande taille tient en grande partie dans le fait que lorsqu’un client confie au cabinet un travail complexe et sur lequel différents domaines du droit nécessitent d’être abordés (ex : fiscalité, droit des sociétés, pénal et/ou droit du travail), vous pouvez, au sein même de cette structure, trouver immédiatement les ressources humaines sur lesquelles vous appuyer.

Ce type de dossier est l’occasion d’échanges intéressants entre collaborateurs qui, bien qu’intégrés à la même structure, travaillent finalement rarement ensemble sur un même dossier.

Je trouve, depuis quelques mois, l’occasion de faire de même pour des dossiers personnels.

La démarche vient tantôt de moi, tantôt de collaborateurs et amis qui me savent « compétent » pour intervenir dans un domaine pour lequel ils ont un besoin ponctuel et où il leur manque les connaissances et l’expérience pour pouvoir prétendre s’en occuper seuls de façon optimale.

Ces dossiers traités entre confrères travaillant dans des cabinets différents sont également l’occasion de savoir s’il serait facile ou non de travailler plus tard, au sein d’un même cabinet, avec certains d’entre eux.

Le travail coopératif à cela de bon...qu’il donne souvent envie de collaborer de nouveau.

dimanche 9 janvier 2011

C’est vous le juriste !

Je gère des clients parfois difficiles.
Qu’il s’agisse de mes propres clients ou de ceux du cabinet, ce sont des caractères bien trempés qu’il faut souvent ménager (plus quand ce sont ceux du cabinet) tout en leur réexpliquant les choses à plusieurs reprises de façon à être certain qu’ils ne feront pas ensuite une interprétation erronée de vos propos.

Ce sont des clients qui s’adressent à des avocats avec un bon nombre d’à priori et qui sont donc sur en permanence sur le qui-vive.

Même si gérer des clients réputés ingérables fait également partie de la formation d’un avocat, j’aime m’adresser à un client qui a confiance en son conseil.

Parce que la confiance se gagne, il faut d’abord lui montrer que vous êtes compétent en répondant correctement aux interrogations qu’il se pose, mais, une fois cette étape franchie, vous avez face à vous un client qui, pour ainsi dire, vous laissera le soin de décider seul de ce qui va ou non dans le sens de ses intérêts.

Professionnel d’un tout autre domaine que le droit et convaincu que : « Chacun son métier », il vous confie les clefs de son dossier en vous précisant : « C’est vous le juriste, faites au mieux ».

Ce type de clients est quand même assez rare, mais il en existe...Encore heureux...

samedi 1 janvier 2011

Lâcher la proie pour l’ombre

Une nouvelle année débute. La 2011. Ma 3ème année en tant qu’avocat collaborateur junior.

De la même manière qu’on ne reste pas junior toute sa vie, tout au plus 5 voire 6 ans, je sais désormais que je n’ai pas vocation à rester éternellement collaborateur.

Outre le fait d’avoir un statut assez bâtard (de super salarié diront certains), le statut de collaborateur génère chez moi de plus en plus de frustration quand, par exemple, un client personnel me demande du temps, que j’ai envie de le lui consacrer, mais que le rythme du cabinet ne me permet pas de lui répondre favorablement.

Indiquer à des clients actuels ou potentiels que vous êtes trop débordés pour vous occuper de leur affaire avant de les aiguiller vers un autre confrère du même domaine que vous est acceptable une ou deux fois.
Quand cela se répète souvent, alors même que vous étiez convaincu que vous auriez pu le gérer avec un emploi du temps moins chargé, la frustration finit par se faire sentir.

Cependant, parce qu’il est rare qu’un client vous rapporte en une seule fois ce que votre cabinet vous rémunère votre cabinet sur un mois, vous n’avez souvent d’autres choix que de dire non à ces dossiers qui vous tendaient pourtant les bras.

La suite est une question de tempérament.
S’installer après un peu plus de deux ans d’expérience (ou même plus tard) avec une cliente personnelle significative, mais que vous savez néanmoins trop petite pour en faire votre unique source de revenus n’est pas sans risque.

Dans les faits, rares sont mes confrères qui ont pu développer une cliente suffisamment conséquente en tant que collaborateur pour pouvoir partir du jour au lendemain s’installer sans avoir peur du lendemain qui déchante.

S’installer à son compte demande, outre une dose de courage, d’avoir un « business plan » en tête et certaines assurances pour l’année fiscale à venir de façon à pouvoir couvrir les charges à payer quoi qu’il arrive (loyer, Ordre des avocats, etc).

Trop de questions sans réponses certaines pour le junior que je suis puisse décider, dès aujourd’hui, de lâcher la proie pour l’ombre.

Bonne année ! :)