lundi 11 juillet 2011

Une part de psychologie

En recevant mes propres clients comme ceux du cabinet, je suis assez souvent stupéfait par les mots qu’ils emploient.

Je fais peu de droit pénal et je ne pratique pas le droit de la famille.
Dès lors, quand j’entends parler de trahison, de volonté de ne « pas laisser passer cela », et tout cela avec des trémolos dans la voix, je m’aperçois que l’avocat est bien souvent, non seulement un juriste chargé de dénouer des situations de faits d’apparence complexe, mais aussi le réceptacle d’un certain nombre de douleurs et de frustrations présentes dans l’esprit de son client.

Le premier rendez-vous et souvent quelques uns de ceux qui suivent ne peuvent faire l’économie d’une attention particulière à l’égard des souffrances générées par la situation juridique dans laquelle se trouve le client.

J’ai tendance à expliquer très rapidement à mes clients que le contexte global a son importance, mais que seuls des faits précis, qualifiables juridiquement et utiles pour le dossier, ont un réel intérêt pour moi.

Même si je ne suis pas psychologue, je conçois néanmoins très bien qu’il faille, dans la gestion de la relation avec le client, faire preuve d’une part, plus ou moins importante, de psychologie.

mercredi 6 juillet 2011

En toute confraternité

La profession d'avocat compte en son sein des confrères qui se doivent déontologiquement un respect tout particulier.

Même si nous sommes contradicteurs dans une affaire, parce que nous défendons les intérêts de clients qui sont adversaires, il nous est interdit de nous insulter et nous devons nous garder de mettre un confrère dans l'embarras, notamment, en jouant de malices pour tromper sa vigilance.

Ce principe, qui n'est, me dit-on, pas toujours respecté, n'empêche pas que, lorsque vient le moment de plaider une affaire, chacun des avocats reste convaincu qu'il est fondamental pour l'issue du dossier que l'impression qu'il donnera au juge lors de l'audience soit meilleure que celle laissée par son contradicteur.

C'est à cet instant que la confraternité trouve ses limites.

Certains confrères, le plus souvent ceux qui sont plus âgés que moi, voient parfois dans la confrontation à un jeune avocat une belle occasion d'apprendre la vie à quelqu'un.

Cela passe par des « tentatives d'intimidation » avant l'audience, sous la forme du classique : « Mais votre dossier est vide, cher confrère ! », puis en cours d'audience par toutes ces formules plus ou moins subtiles qui ont pour objectif de rappeler aux juges que l'ainé, dépositaire du talent et de l'expérience, c'est lui et que le jeune débutant, c'est vous.

Preuve que ce type de schéma n'est pas si récurrent que cela, il m'était, en à peu près de 3 ans d'expérience, parfois arrivé d'assister à des scènes de ce genre, mais je n'avais jusqu'ici jamais été partie prenante de telles prises de bec.

Parce qu'il faut un début à tout, lors d'un déplacement dans un barreau extérieur la semaine dernière, j'ai eu droit à un véritable show de la part de mon confrère.

Lui qui jouait à domicile avait visiblement décidé de me le faire savoir dans les grandes largeurs.
Son seul soucis était que l'adversité a tendance à me galvaniser et surtout que son dossier était mal ficelé tant sur le fond que sur la procédure stricto sensu.

Parlant en dernier, parce que défendeur dans le cadre de cette affaire, je ne me suis donc pas gêné pour le lui faire remarquer, avec les formes et « quasiment » en toute confraternité, devant des juges et quelques confrères qui, sourire aux lèvres, m'ont indiqué ne pas regretter d'avoir eu l'occasion d'assister à cela.