mercredi 21 novembre 2012

Un jour sans fin

Cela fait désormais un peu plus de 4 ans que je suis avocat.

J'ai entamé ma 5ème année d'exercice comme les précédentes.

Persuadé que ce métier est fait pour moi.

Ravi d'apprendre chaque jour des choses nouvelles que je ne manque pas d'utiliser dans des consultations ou dans le cadre de contentieux.

Content de rendre service à des entreprises ou à des individus qui s'adressaient à un avocat sans être convaincus qu'il pourrait les aider à sortir par le haut de  la situation périlleuse dans laquelle ils se trouvaient.

Surpris de constater que parmi toutes les affaires que j'ai eu à traiter, c'est sans doute dans celles qui m'ont le moins rapporté financièrement que j'ai trouvé les rapports clients / avocat les plus enrichissants ainsi que les remerciements les plus sincères une fois le travail accompli.

Heureux de voir que même si ce métier demande énormément d'efforts et d'investissement, le travail finit inéluctablement par payer.

Convaincu, comme chaque année depuis 2010, que l'année prochaine sera ma dernière en tant que collaborateur, tant l'envie d'être à mon compte se fait pressante.

Lucide quant au fait que, cette fois, ce sera la dernière...mais peut-être pas...

mardi 23 octobre 2012

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Dans ce métier, on est souvent confronté à des configurations simples.

Un client vous consulte parce qu’il est poursuivi devant les tribunaux, et ne peut donc faire autrement que se défendre, ou à l’inverse, il vous sollicite parce qu’il est déterminé à poursuivre quelqu’un.

Ces deux situations sont les plus classiques, mais, parmi elles, il existe des déclinaisons qui rendent les choses un peu plus complexes.

Il arrive que l’une ou l’autre des parties se rende compte qu’au delà du droit, qui a toutes les chances d’être ou non de son côté à l’issue d’une éventuelle procédure, il existe un risque important pour que cette procédure dure longtemps et qu’elle coûte chère en frais d’avocats.

Nous sommes dans la configuration où votre client sait qu’il a raison et donc toutes les chances d’obtenir gain de cause, mais dans laquelle son contradicteur lui rétorque qu’il est tout à fait prêt à assumer le coût et la longueur d’une procédure contentieuse pour ne pas avoir à lui verser, immédiatement, les X euros qu’il lui réclame à titre de dédommagement.

Dans ces conditions, soit votre client sait qu’il a raison et assume l’idée qu’il risque de n’être payé qu’à l’issue d’un jugement devenu définitif (après un éventuel appel de la décision rendue en 1ère instance), soit l’attitude de son adversaire, qui fait mine d’attendre sereinement qu’il le poursuive, pousse votre client à penser qu’un « mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ».

Il a face à lui quelqu’un qui lui rappelle qu’entre les frais d’avocat, le temps passé et l’incertitude quant à l’issue du procès, il a tout intérêt à accepter un accord transactionnel qui déboucherait sur le paiement immédiat d’une somme de X – Y euros plutôt que de rester sur l’idée qu’il obtiendra dans quelques mois (voire années) la somme exacte qu’il espère l’obliger lui à verser.

Vous remplissez votre devoir de conseil en expliquant précisément à votre client ce qu’il est en droit d’espérer sur le plan juridique, ce qu’il lui en coûtera en termes de frais de justice et combien de temps tout cela pourrait durer, mais vous ne pouvez décider à sa place de la suite à donner à son dossier et ce, d’autant plus s’il se montre déjà hésitant.

Tout juste pouvez-vous lui indiquer que parfois…« un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».

lundi 1 octobre 2012

Dans l'ordre des choses

L'avocat que je suis est, comme tant d'autres, constamment à la recherche de temps.

Non content d'avoir beaucoup de travail en tant que collaborateur,  j'ai choisi d'y ajouter une clientèle personnelle assez conséquente et, il faut bien le dire, de plus en plus "envahissante".

Mes clients personnels sont assez contents de ce que je fais pour eux, mais au delà du contenu du travail que j'effectue pour leur compte, ils aiment ce qu'ils perçoivent chez moi comme une forme de disponibilité.

Le client lambda a, à tort, l'impression que son avocat n'est jamais disponible ou très peu.

Dès lors, quand vous faites montre de disponibilité ainsi que d'une certaine forme de diligence, cela conforte votre client dans l'idée que vous n'êtes pas "un avocat comme les autres".

Le fait est que, le succès aidant, vous êtes condamné à devenir chaque jour un peu moins disponible que par le passé et donc à décevoir ceux de vos clients qui aimaient cette qualité chez vous.

Il est néanmoins dans l'ordre des choses et dans le fonctionnement de tout cabinet d'avocats que des clients réguliers partent un jour et que d'autres prennent leur place.

Le tout étant de faire en sorte que ceux qui partent, quelles qu'en soient les raisons, soient toujours moins nombreux que ceux qui décident de vous rejoindre.

samedi 11 août 2012

Dans l’air du temps

Je vais bientôt fêter mes 4 ans de barreau et passer par la même occasion dans ma cinquième année d’exercice.

Cela fait de moi un peu plus qu’un junior et un peu moins qu’un senior. Je suis donc un middle.

Si j’en crois les confrères avec lesquels je discute régulièrement, ce niveau d’expérience pousse encore plus que par le passé à une réflexion globale sur la suite de sa carrière d’avocat.

Certains estiment avoir fait le tour de la profession et souhaitent se réorienter en entreprise afin de devenir juriste alors que d’autres jouent à fond le jeu de la collaboration en espérant faire leur trou et réussir à gravir les échelons dans leur cabinet ou dans un autre.

Mais le sujet de discussion du moment est bel et bien celui de l’installation. Pour des raisons différentes d’ailleurs.

Quelques uns considèrent qu’ils ont suffisamment d’expertise pour pouvoir prétendre gérer seuls leurs propres dossiers, d’autres savent qu’ils ne veulent (ou ne peuvent) devenir associé au sein de leur structure. Ils ont souvent pour point commun d’avoir toujours poursuivi la volonté de créer leur cabinet et préparaient déjà ce moment dès le premier jour où ils sont devenus collaborateurs.

Cependant, à l’image de votre serviteur, beaucoup parlent d’installation sans avoir encore eu le courage de sauter le pas.

La crise (qui a toujours bon dos) n’incite pas vraiment à passer d’un statut où un virement est effectué chaque 29 du mois à celui d’une certaine forme d’incertitude du lendemain.

Le paradoxe est que malgré ce contexte défavorable les quelques personnes qui, autour de moi, ont tenté l’aventure risquée de l’installation ne l’ont vraiment pas regrettée.

jeudi 19 juillet 2012

La crise de la dette

Il n'aura échappé à personne que c'est la crise. Dans ce contexte, qui dure déjà depuis plusieurs années, rares sont les cabinets à ne pas être touchés.

Le plus surprenant est que nombre d'entre eux conservent un volume d'affaire important, voire en augmentation.

Étant donné que les clients ne se sont pas, malgré la crise, subitement arrêtés de confier des affaires ou des consultations à leurs avocats, la vraie difficulté tient bien souvent dans l'incapacité qu'ont ces avocats à se faire payer par l'ensemble de leurs clients.

Certains cabinets ont ainsi un chiffre d'affaire théorique en hausse tout en déplorant dans le même temps des impayés en constante augmentation.

Certains clients les paient 6 mois à 8 mois après l'édition de la facture tandis que d'autres ne les paient jamais en prétextant de difficultés financières sérieuses.

Paradoxalement, si vous facturez à hauteur de 14, mais que vous n'encaissez que 6, votre situation est peu ou prou la même que quand vous facturiez 8 et que vous n'encaissiez que 6, à ceci près que le travail généré par une facturation équivalente à 14 est considérablement supérieur à celui qui correspond à 8.

La situation commence à devenir vraiment compliquée quand le client qui dit ne pas trop savoir quand il sera en mesure de vous régler votre facture est précisément l'un des gros clients historiques de votre structure.

Dans ce cas de figure, vous avez le choix entre arrêter de réaliser des prestations pour son compte avec pour conséquence immédiate qu'il sollicite un autre cabinet pour le faire à votre place ou décider de continuer à travailler pour lui avec le risque que sa situation financière ne lui permette jamais de vous régler des sommes qui n'auront, en définitive, fait que s'accumuler.

En temps de crise, un avocat peut tout à fait travailler plus, tout en sachant qu'il gagnera moins.

mardi 19 juin 2012

La pratique de la confraternité

Si j'en crois la définition figurant dans l'ouvrage d’André Damien et de Henri Ader intitulé « Règles de la profession d’avocat » , la confraternité est un principe essentiel qui impose à l’avocat de « s’efforcer d’entretenir de bonnes relations avec ses confrères et à ne pas oublier la solidarité qui les unit ».

Dans la pratique, appliquer à la lettre ce principe peut s’avérer plus compliqué qu’il n’y paraît.

Non pas parce que tous les avocats sont méchants et agressifs, mais parce qu'ils sont bien légitimement tiraillés entre l'intérêt de leur client et  le respect à la lettre de la déontologie de leur profession.

Même si tromper volontairement son confrère ou le mettre dans l'embarras par ruse est inenvisageable pour tout avocat qui se respecte,  le principe qui veut que chaque avocat défende son camp du mieux qu'il le peut implique qu'il puisse être parfois désagréable lors de l'audience avec celui qui défend les intérêts de son contradicteur et qu'il ne fasse aucun cadeau à son confrère.

A titre d'exemple, une erreur de procédure commise par un avocat impose de la part de son confrère qu'il fasse valoir devant la juridiction saisie les conséquences de cette erreur et non pas qu'il décroche immédiatement son téléphone pour dire à son confrère qu'il aurait tout intérêt s'y prendre autrement pour gagner son procès.

La respect de la confraternité impose néanmoins que vous ne confondiez votre confrère avec le client qu'il défend.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'après des échanges vifs et sans concession lors d’une audience de plaidoirie, vous pouvez et devez saluer votre confrère en partant, sans même qu'il soit exclu que vous puissiez sympathiser…voire bien vous entendre depuis de nombreuses années.

Parce que je sais que mes clients ont parfois du mal à cerner le bien fondé de cette différenciation, j'évite de faire étalage d'une trop grand confraternité face à eux.

jeudi 7 juin 2012

Entre trop et pas assez

Parmi les choses que je constate et qui semblent aller de soi quand on y réfléchit bien, il y a celles qui tiennent au fait que plus vous trouvez de temps à consacrer à un dossier et plus la qualité de votre travail s’en ressentira.

Ce n’est pas parce que c’est simple à concevoir que c’est, pour autant, facile à appliquer.
Etant donné que l’activité de collaborateur vous amène à être chroniquement débordé, gérer, à côté de cela, vos propres clients en prenant le temps de faire le travail le plus rigoureux et le plus élaboré possible n’est pas chose aisée.
L’astuce, si on peut vraiment utiliser ce terme, consiste à prendre des dossiers personnels en tentant de ne pas dépasser la taille critique au delà de laquelle vous commencerez à tout faire mal ou …moyennement bien.

Même si cela est plus facile à dire qu’à faire, il faut parfois savoir refuser des dossiers personnels qui, une fois passé l’engouement du début, se révèleront rapidement très chronophages et donc fort préjudiciables au reste de votre activité.

Ce juste équilibre devient plus évident à trouver après plus ou moins 4 ans d’expérience ; moment où vous percevez beaucoup mieux qu’à vos débuts combien d’heures il sera nécessaire de passer sur chacun des dossiers qui vous sont proposés et si oui ou non il est envisageable que vous les ajoutiez à votre charge de travail.

Il est d’ailleurs amusant de constater que plus vous décidez de vous consacrer à un nombre limité de clients réguliers et plus vous réussissez à convaincre ces derniers que vous êtes un avocat disponible, rigoureux et diligent, ce qui aura pour conséquence immédiate qu'ils décideront de vous solliciter pour du travail, certes, supplémentaire, mais qui aura l’avantage de ne pas accroitre le nombre de vos interlocuteurs clients.

Ce qui dans des journées où il n’est pas rare que vous receviez près d'une quizaine de coup de fil de clients (cabinets et personnels) différents peut avoir son importance sur votre état de forme en fin de journée.

lundi 14 mai 2012

Chasseurs de têtes et quête d'un idéal

Le fait d'avoir plus ou moins 4 ans d'expérience y est sans doute pour quelque chose, mais force est de constater que nombreux sont ceux qui, comme moi et certains de mes confrères, ont, ces derniers mois, eu à faire des choix importants en termes de carrière.

 Le choix de l'installation est l'un d'entre eux. Il est lourd, implique une prise de risque incontestable, mais n'est pas le seul qui pose question.
Parce qu'un avocat de 4 ans d'expérience, dit middle (soit entre junior et senior) est un profil recherché sur le marché, il est régulièrement démarché par des chasseurs de tête, lesquels sont mandatés par des cabinets prêts à mettre le prix pour les avoir.

Quand un chasseur de têtes vous contacte, il le fait en général sans vous indiquer qui est son mandant. Ce n'est qu'après un entretien qu'il finit par vous confier l'identité du cabinet qui est intéressé par un profil comme le vôtre.

Dans un métier où, comme tant d'autres, vous ne pouvez espérer une augmentation conséquente de votre rémunération qu'en quittant votre cabinet pour un autre, les chasseurs de têtes font très souvent des propositions qui donnent à réfléchir, même aux collaborateurs qui se sentent bien là où ils sont.

Pour résumer : on vous promets très souvent une rémunération plus importante, dans une structure ayant plus de moyens, pour travailler sur des dossiers plus techniques et donc plus intéressants et tout cela auprès d'associés qui auront plus de considérations pour vous et pour la valeur ajoutée que vous leur apporterez.

Dans ces conditions, soit vous restez là où vous vous trouvez parce vous y trouvez votre compte, soit vous tentez une aventure qui, bien que risquée, présente l'avantage de vous donner des perspectives d'évolution que vous n'avez pas dans votre structure.

 Quoi qu'il en soit, rares sont les avocats qui quittent un cabinet dans lequel ils se sentent bien uniquement pour des considérations d'ordre pécuniaire.

 D'aucuns pourraient d'ailleurs me rétorquer que les collaborateurs qui se sentent vraiment bien dans leurs cabinets sont...rares.

lundi 23 avril 2012

Une prime de risque

Il y a dans ce métier une prime de risque en faveur des avocats qui osent justement en prendre.

Je m’explique.
L’avocat collaborateur est une sorte de « super salarié » qui ne veut pas dire son nom. Il travaille beaucoup et n’a pas vraiment de limites en termes de temps de travail puisqu’il exerce une profession libérale qui n’est, de facto, pas soumise aux 35 heures. 

On lui demande traditionnellement de rapporter, au minimum, 3 fois ce qu’il coûte. Au dessous de lui, on retrouve l’associé qui travaille également beaucoup, mais plus de la même façon qu’à l’époque où il était un jeune collaborateur.

Devenu en quelque sorte un patron (qui dit son nom et en adopte l'attitude), son temps de travail est partagé entre un peu de rédaction, beaucoup de relecture de conclusions et autres consultations rédigées en tout ou partie par ses collaborateurs et la gestion des clients et celle des relations avec de potentiels clients (déjeuners, dîners, conférences, etc…)

La position de l’avocat associé est cependant délicate. Non plus parce que ses journées de travail sont longues et éreintantes, mais surtout parce que le travail qu’il supervise se doit d’être conforme à ce qu’attend le client. Si quelque chose ne correspond pas, c’est sa responsabilité directe et non celle de ses collaborateurs qui sera engagée.

Du coup, même si la différence entre le salaire d’un collaborateur junior et celle de son associé est souvent impressionnante, elle se justifie pour de multiples raisons, dont celle du risque qui est pris par ce dernier.

De quoi tout de même donner envie à certains de prendre un jour CE risque de devenir un associé et non plus un collaborateur…

samedi 31 mars 2012

Le choix de la double casquette

J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer ici qu’un avocat collaborateur devait, pour ne pas risquer de perdre son poste, veiller à consacrer un temps plus important à celui qui lui paie, chaque 29 du mois, la facture d’honoraires qu’il lui adresse, à savoir son cabinet et à reléguer qu’au second plan ses propres clients.

Parce que le métier est déjà prenant sans avoir à y ajouter de la clientèle personnelle, nombreux sont ceux qui font le choix de ne pas gérer d’autres clients que ceux de leur cabinet.

D’autant qu’il n’est pas toujours évident d’expliquer à un client, qui vous paie cher pour travailler pour lui, que vous êtes disponible à 100%, à la condition que votre cabinet vous dégage le temps nécessaire pour qu’il en soit ainsi.

Quand vous ne faites pas le choix de la « facilité » et que vous décidez donc de concilier clients perso et dossiers du cabinet, vient invariablement le moment où vos clients vous sollicitent plus souvent que vous l’imaginiez au début et où devez ajouter un temps de travail considérable à un emploi du temps déjà surchargé.

 L’idéal poursuivi par la plupart de avocats collaborateurs qui font le choix de mener les deux activités de front est celui d’arriver, à plus ou moins court terme, au stade où les clients personnels dépassent en termes de chiffre d’affaires annuel celui qui est généré par le contrat de collaboration.

Autant vous le dire, à quelques exceptions, cela n’arrive jamais. Décider de se lancer à son compte ou de créer une structure avec des amis, en laissant derrière soit le statut d’avocat collaborateur, procèdera toujours d’une prise de risque.

Parce que : « Qui trop embrasse mal étreint », la question du choix entre l’une ou l’autre des deux casquettes finit toujours par se poser...

jeudi 1 mars 2012

Génération Y

Né entre 1980 et 2000, je fais partie de cette génération dont tout le monde parle...ou presque.

Je ne peux certifier que les avocats de ma génération aspirent à quelque chose de diamétralement opposé de celle de ses ainés.

Bien que minoritaire, j’ai dans mon entourage des avocats prêts à tout donner au travail, de façon à arriver au niveau de rémunération et à l’objectif qu’ils se sont fixés (devenir associé), même si cela les amène à finir très tard le soir et à travailler le samedi et le dimanche comme s’il s’agissait de jours ouvrés.

Ils acceptent, sans vraiment s’en plaindre, la contrepartie d’un tel train de vie à savoir l’absence de vie privée.

Inversement, je constate chez beaucoup de mes jeunes confrères une aspiration à une vie plus équilibrée ; quitte à gagner moins.

Quand vous avez entre 4 ans et plus d’expérience et que vous vous savez épuisé et usé par la cadence de travail qu’exige ce métier, sans pour autant en avoir retiré une satisfaction réelle ni même une véritable reconnaissance de la part de votre hiérarchie, se pose inévitablement la question qui fâche.

A quoi bon continuer ?

Ils ne remettent pas en cause le métier proprement dit, mais la façon souvent excessive de l’exercer, jusqu’à en devenir parfois caricaturale.

Ils sont donc nombreux à opter pour un autre choix de carrière.
Devenir juriste en est un. Monter son propre cabinet ou intégrer une plus petite structure en sont d’autres.

Le but étant de passer un peu moins de temps au travail afin de retrouver des week-end dignes de ce nom et de pouvoir honorer, en semaine, des soirées entre amis sans avoir à les décommander systématiquement.

Si les avocats de la génération Y diffèrent de ceux des générations précédentes, c’est aussi grâce ou à cause des outils qu’ils ont a à leur disposition.

Constamment connectés, ils peuvent travailler à distance, en déplacement…et même en vacances, là où leurs ainés pouvaient prétendre avoir terminé leurs journées quand ils mettaient un pied en dehors du cabinet.

Génération Y alias Génération Why...

samedi 25 février 2012

Taux horaire, forfait global et temps passé

Les honoraires des avocats sont très souvent l’objet de critiques de la part des clients et du grand public en général.

L’avocat est, en effet, libre de fixer ses honoraires comme bon lui semble. Il peut décider que sa rémunération sera de X euros par heure passée sur le dossier.
Par exception, il lui est interdit de faire dépendre l’ensemble de ces honoraires du résultat de l’affaire qu’il s’engage à traiter pour le compte de son client (pourcentage sur la somme obtenue dit pacte quota litis).

L’avocat a cependant le droit de s’adapter à la fortune de son client en décidant, par exemple, de facturer beaucoup moins un client qui n’a pas de gros moyens qu’une entreprise qui a une puissance financière en rapport avec ses exigences.

De son côté, le client peut, et c’est d'ailleurs plus en plus fréquent en cette période de crise, tenter de négocier les honoraires qu’il devra verser à son conseil et lui demander s’il est mesure de lui proposer un forfait global ou une fourchette de prix au dessus de laquelle il s’engage à ne pas le facturer.

Quand l’avocat décide d'un forfait global, il s’expose très souvent au risque que son temps passé sur le dossier explose en raison d’imprévus (pourtant courants) dans les contentieux judiciaires (renvois successifs, incidents de procédure, etc...).

Dans ce cas de figure, l’avocat qui, une fois le dossier clôturé, compare le temps effectif passé sur le dossier et les honoraires facturés au client, s’aperçoit bien souvent que son travail a été tout...sauf rentable pour son cabinet.

mardi 24 janvier 2012

Une urgence à géométrie variable

L’urgence est ce qui a le caractère de ce qui est urgent. C’est par définition une situation à laquelle on doit remédier sans délai.

Dans la profession d’avocat, tout ou presque a le caractère de ce qui est urgent, puisque quasiment tout ce qui est confié par le client à l’associé est désigné comme urgent et que, par voie de conséquence, tout ce qui parvient au collaborateur l’est tout autant, sinon plus.

Tous les clients ne prétendent pas à tort ou par pure volonté de mettre sous pression leurs avocats qu’ils ont un besoin urgent de la réponse à la question qu’ils leur posent, mais j’ai pu constater que bon nombre des réponses données dans un délai court, au prétexte que le client en avait un besoin impérieux, n’avaient en réalité aucun caractère urgent.

L’avocat est parfois responsable de cet état de fait. Parce qu’en période de crise, il est encore plus soumis que par le passé à la « concurrence » de ses confrères, il préfère parfois répondre favorablement aux doléances les plus folles de son client que de le laisser croire qu’il pourrait être mieux conseillé et dans un délai plus court par un autre cabinet.

Sans pouvoir affirmer que cet état d’esprit est pour seul responsable de la pression continue qui est mise sur les collaborateurs, je ne peux pourtant pas m’empêcher de croire qu’il n’y a aucun lien de cause à effet.

D’ailleurs, quand j’observe la façon dont certains associés de mon cabinet gèrent les pseudos urgences de certains de leurs clients (qui ne prennent le temps de lire la « fameuse » consultation urgente que deux semaines après son envoi), je me dis que l’une des raisons pour lesquelles je souhaite un jour monter mon propre cabinet tient au fait que j’aimerai pouvoir expliquer à mes clients ce qu’est vraiment...« une situation à laquelle on doit remédier sans délai ».

lundi 2 janvier 2012

Quel est votre objectif ?

C'est l'une des questions les plus posées lors des entretiens toutes professions confondues. Elle est en général présentée sous une formulation plus subtile, du type : « Où vous voyez-vous dans 5 ou 10 ans ? »

On y répond, à quelques exceptions près, en omettant d'indiquer tout ou partie de ses réelles volontés.

Difficile d'assener à un futur employeur que l'on souhaite s'enrichir de son expérience afin de monter plus tard sa propre structure, sans lui donner immédiatement l'envie de recruter quelqu'un dont le dévouement sur le long terme sera plus affirmé que le vôtre.

À l'inverse, indiquer que l'on souhaite devenir un futur associé de son cabinet a quelque chose de (trop) présomptueux.

D'un point de vue personnel, j'ai toujours trouvé utile de me fixer des objectifs à court ou moyen terme.

Pour une profession aussi brutale que celle d'avocat, cela peut s'avérer utile.
Exception faite de l'avocat salarié, tout collaborateur s'expose de par son statut à l'éventualité d'être viré du jour ou lendemain par son cabinet, avec 3 mois de préavis pour seule indemnité.

Il est donc inscrit dans l'ADN de ce métier une certaine forme de précarité.
Puisqu'il n'aura pas droit aux ASSEDIC, l’avocat est condamné à rebondir très vite.

Il est important pour l’avocat collaborateur d'avoir un ou plusieurs objectifs précis, de ne jamais les perdre de vue, mais également de prévoir un plan B, dans l’hypothèse où l’imprévisible finisse par se produire.

Bonne année 2012.