samedi 9 novembre 2013

Patience et longueur de temps…

Maintenant que je suis devenu officiellement mon propre patron, je perçois avec d'autant plus d'acuité à quel point je ne pouvais plus me permettre d'être cet avocat qui travaille à la fois pour lui et pour quelqu'un d'autre.

Les journées, les semaines et les mois devenaient trop chargés pour pouvoir prétendre les mener de front avec efficacité et sérénité, et ce sans compter la vie privée qui devenait, au fil du temps, l'unique variable d'ajustement.

La surprise, même si elle ne s'avère pas totale, est de constater que mes journées sont toujours aussi remplies.

Elles ne le sont pas de la même façon, puisque j'ai désormais un contrôle beaucoup plus large sur l'organisation de mon temps de travail, mais force est de constater que le fait d'avoir repoussé, à maintes reprises, ce grand pas dans l'inconnu qu'est l'installation m'a permis de me constituer une clientèle d'un niveau suffisant pour pouvoir bien en vivre, mais aussi pour être parfois submergé par l'ampleur de ce qu'elle me confie depuis qu'elle sait que je suis désormais plus disponible que je ne l'étais par le passé.

Même si ceci est de bon augure pour la suite, j’ai conscience du fait que ce ne sont que des débuts et qu’une réussite réelle nécessitera de fidéliser la clientèle existante tout en continuant à trouver régulièrement de nouveaux clients.

Tout un programme...


lundi 30 septembre 2013

Nécessité fait loi

Je constate, à mesure que le temps passe, que ma décision de m'installer n'a rien d'original ou du moins que celle-ci germe dans l'esprit de nombreux collaborateurs ayant une expérience supérieure ou égale à la mienne.

Le processus qui pousse un avocat à s'installer serait donc inscrit dans l'ADN de la plupart des avocats collaborateurs qui, durant 5 ans, ont pu voir les contours de la profession.

Tous ne sautent pas le pas ; loin s'en faut.

Ils sont très souvent effrayés par la perspective de devoir (re)partir de zéro (ou presque) après avoir connu ,depuis plusieurs années, une rémunération  qui ne pouvait que croître.

Quitter la proie pour l'ombre est une perspective d'autant plus floue qu'elle se trouve accentuée par un climat général laissant penser qu'il vaut mieux, en période de crise, sécuriser des situations que chercher à tirer, SEUL, son épingle du jeu.

Autant vous le dire, aucune de ces hypothèses n'est fausse en soi.
Il sera toujours exact que prendre des risques est plus engageant que rester immobile, de la même façon qu'il n'est pas faux d'imaginer que la chance puisse sourire à ceux qui ont de l'audace.

En réalité, plutôt que de raisonner en  termes d'évaluation des risques, la principale raison qui pousse un collaborateur à voler de ses propres ailes vient de ce qu'il est désormais convaincu que ce qui n'était jusque là qu'un envie a désormais largement dépassé le stade du besoin...

mercredi 7 août 2013

Nouvelle orientation


La collaboration est incontestablement le seul moyen d’acquérir rapidement une expérience significative. C’est elle qui vous permet d’être confronté à des dossiers divers et variés à une fréquence suffisamment régulière pour pouvoir prétendre, après deux voire trois ans d’expérience, bénéficier d’une certaine expertise dans votre domaine.

Malgré tous ces avantages, elle a de (gros) défauts.

Vous n’êtes pas vraiment maître de votre emploi du temps. Et c’est peu de le dire !
Si votre associé décide qu’un dossier doit absolument être terminé dans un délai court, vous ne pouvez pas faire autrement que vous adapter à la situation…au détriment de votre vie privée.

Il s’agit peut être du seul statut dans lequel vous en venez parfois à regretter que la structure dans laquelle vous vous trouvez ne subisse pas une baisse d’activité liée à la crise.

En temps normal (et encore plus durant la crise), un avocat fait tout pour rendre en temps et en heure ce qu’un client souhaite lui confier sans vraiment se préoccuper du fait de savoir si cela est vraiment réalisable, de façon sereine, dans les délais convenus.

La conséquence est simple. Il sera amené à travailler plus, mais aussi (et surtout)  à en demander toujours plus à des collaborateurs qui n’avaient pourtant pas besoin de cela pour se sentir submergés.

Je ne compte plus le nombre de confrères autour de moi qui travaillent le week-end de chez eux ou au cabinet pour tenter de rattraper le travail qu’ils n’ont pas pu terminer durant la semaine.

Sans en être tout à fait à ce point, je dois cumuler une collaboration exigeante avec des clients personnels de plus en plus nombreux. Ce qui s’avère épuisant et, en définitive, peu satisfaisant.

Depuis à peu près deux ans, je tergiverse en repoussant (probablement par manque de courage) ce saut dans le grand bain de l’installation.

Je me sens, depuis plusieurs mois, (vraiment) à même de prendre cette décision qui s’impose à moi depuis longtemps et ce, d’autant plus que les clients que j’ai réussi à glaner au fil des années m’assurent de ne pas partir pour une aventure trop risquée.  

L’autre raison est liée au fait que j’ai vu des camarades de ma promotion ou de promotions voisines s’épanouir complètement en s’installant.

Au delà de la question de savoir s’ils s’ont parvenus à maintenir leur niveau de rémunération par rapport à ce qu’ils gagnaient en tant que collaborateur, ils sont, dans l’ensemble, contents et fiers d’avoir gagné en liberté, d’organiser leur temps de travail comme bon pour leur semble et de travailler pour…EUX.

Cette cinquième année de collaboration et cette année 2013 sera donc ma dernière en tant qu’avocat collaborateur.

Je deviendrai donc dans quelques mois un avocat complètement libre des orientations qu’il prendra dans la gestion de ses clients et de son cabinet.

J’ai hâte…

jeudi 6 juin 2013

L’art de la négociation

Les négociations de contrat confrontent rarement des interlocuteurs qui sont sur un même pied d’égalité.

Il y a bien souvent une entreprise importante qui fait face à une structure plus modeste.
Le client potentiel (la structure importante) a tendance à « abuser » de sa position de force afin d'imposer à son potentiel prestataire un contrat conçu pour être uniquement en sa faveur.

Ce futur client estime que sa proposition de contrat, aussi contraignante soit-elle, finira par être acceptée par son interlocuteur, compte tenu de l’opportunité économique qu’elle constitue.

Tout l’intérêt d’un avocat (sollicité par le potentiel prestataire afin de défendre au mieux ses intérets) est d’être en mesure d'identifier puis d'exclure les clauses trop contraignantes qui figurent dans ce contrat tout en ne faisant pas (par les positions qu’il prend) échouer une négociation qui, si elle devait ne pas aboutir, pourrait avoir des conséquences désastreuses pour son client.

J’ai mené, ces dernières semaines, de très longues négociations de ce type, lesquelles ont permis à mes clients d’aboutir à des résultats quasi inespérés, compte tenu des multiples rebondissements qui ont émaillé les discussions entre avocats et entre clients.
Toutes ces discussions, plutôt mouvementées, se sont finalement avérées riches d’enseignements, tant juridiques que stratégiques.

Je constate régulièrement qu’une importante structure peut accepter de revoir sa position quand elle prend conscience que le potentiel partenaire (aussi petit soit-il) est déterminé à ne pas se laisser marcher sur les pieds à n'importe quel prix, mais aussi qu’il est parfois préférable de céder sur certains points de droit afin de mieux faire passer l'ajout de certaines clauses, que l’on estime encore plus importantes.

La négociation est, dans ce domaine comme dans d’autres, l’art de composer efficacement entre intérêts divergents.

jeudi 11 avril 2013

Préjugés et « vie dure »


Je pense avoir déjà indiqué sur ce blog que le métier d’avocat traine derrière lui une image et des poncifs n’ayant que peu de rapports avec la réalité.
Beaucoup de personnes pensent que TOUS les avocats sont riches, à l’instar de ce que seraient TOUS les hommes politiques.
C’est en partie pour cette raison que les clients sont très attentifs aux factures d’honoraires qui leur sont adressées, tant ils sont persuadés (à tort) que celles-ci ne servent qu’à couvrir le train de vie fastueux de leurs conseils.
La réalité est tout autre. Une petite minorité d’avocats gagnent très bien leur vie tandis que d’autres, parce qu’ils débutent en tant que collaborateur ou parce qu’ils ont fait le choix de domaines d’activités intrinsèquement moins rémunérateurs que les premiers, ont beaucoup plus de difficultés à boucler leur fin de mois.
Au delà de cette image, je rencontre parfois des clients et des personnes qui vouent un certain respect voire une certaine admiration à ma profession.
Même si nous ne sommes plus dans les années 70/80 durant lesquelles les avocats, alors peu nombreux, étaient considérés comme des notables, le fait de répondre à un interlocuteur qui vous interroge sur votre profession que vous êtes avocat fait toujours son petit effet dans les « dîners en ville ».
Ce métier fascine ceux qui voient en vous l’équivalent de l’avocat qu’ils ont observé dans les films, dans les séries ou dans les journaux.
La seule chose que le grand public ignore, ou du moins sous-estime, c’est le temps qu’un avocat lambda peu consacrer à son travail.
Le temps de travail hebdomadaire d’un avocat est parfois si colossal qu’il en devient la raison principale pour laquelle certains de mes confrères préfèrent quitter une profession qu’ils jugent (à tort ou à raison) incompatible avec une vie privée digne de ce nom.
La profession d’avocat est beaucoup moins glamour que l’image qu’elle renvoie, mais c’est aussi ce qui fait son charme.

lundi 25 mars 2013

Utile et indispensable

Le métier d'avocat n'échappe pas à la crise qui traverse le monde et plus particulièrement l'Europe.

Les grandes structures, jugées autrefois indestructibles, comprennent à leur dépens que le temps où les années en forte croissance se succédaient n'est désormais plus d'actualité.

Les cabinets d'avocats qui ont placé le contentieux au centre de leur pratique ne ressentent peu ou pas une crise qui, génératrice de tension, suscite, d'autant plus chez leurs clients réguliers, la volonté d'en découdre devant les tribunaux.

Les avocats qui font essentiellement du droit du travail ou des entreprises en difficulté connaissent, eux aussi, une période faste, dont la raison est évidente.

Ceux de mes confrères qui pratiquent le droit des sociétés et plus particulièrement celui des fusions et acquisitions d'entreprises subissent, à l'inverse, un repli d'activités proportionnel ou égal à la violence de la récession.

Cette récession ne pouvait évidemment manquer de toucher une profession qui dépend directement de la capacité qu'aura l'avocat à justifier de l'opportunité de son intervention auprès d'un client qui, contraint de faire des économies, s'efforce désormais de recourir à lui, non plus parce que cela lui serait utile, mais parce que cela lui est...indispensable.

vendredi 1 février 2013

Valeur ajoutée


Je constate quotidiennement à quel point une expérience dans le métier d’avocat ainsi que dans mon domaine d’expertise a son importance.

Le raisonnement est assez simple. A vos débuts, vous doutez de tout et même de votre capacité à traiter sereinement un dossier personnel sans l’aide de quelqu’un, puis, avec le temps, vous gagnez en confiance et vous estimez que vous pouvez même prétendre apporter une véritable valeur ajoutée au dossier que vous confiera votre client.

Sans encore pouvoir prétendre être un spécialiste de votre domaine, (il faut d’ailleurs passer un examen devant ses pairs après 4 ans de Barreau pour pouvoir prétendre le devenir) vous êtes plus serein puisque même si chaque dossier a sa spécificité, vous connaissez suffisamment les pièges, points délicats et autres petites astuces de votre matière pour en faire bénéficier à votre clientèle.

J’expérimente également, avec pour l’heure une certaine réussite, la valeur ajoutée qui consiste, pour un dossier personnel couvrant un domaine juridique en plus du mien, à faire intervenir un confrère compétent dans cette matière afin que mon client, préalablement informé de la situation, puisse bénéficier des meilleurs conseils possibles.

Cet apport, qui a un coût, reste très intéressant pour mon client et présente l’avantage de me permettre de retrouver une forme de travail en équipe dans la gestion de dossiers personnels, tout en me donnant un petit aperçu de ce que pourrait être une future association avec un ou plusieurs confrères autour d’un même cabinet.

mercredi 9 janvier 2013

Se laisser porter…

 Cela pourrait être ma première résolution de l'année, si ce n'était si incompatible avec la profession que j'exerce.

Même si je fais les choses avec plus de sérénité que par le passé, je ne parviens pas à ne pas appréhender la suite.

Un peu plus de 4 ans après mes débuts, j'ai encore du mal, malgré les nombreux motifs de satisfaction, à me dire qu'il y a quoi que ce soit d'acquis dans ma situation.

Le contexte peu propice à la croissance (sic) et l'observation profonde des mouvements de fond de ma profession me confortent dans cet état d'esprit.

Il est et restera toujours acquis qu'un collaborateur qu'il soit junior, middle, ou senior ne peut et ne pourra (sauf très rares exceptions) jamais prétendre garder sa position autant de temps qu'il le voudra.

Ce qu'il l'était moins, au départ, est que les associés de grands et moyens cabinets ne sont très souvent que de super collaborateurs à qui l'on hésitera pas à expliquer qu'ils ne font pas l'affaire non pas parce que leur niveau juridique n'est pas à la hauteur, mais tout simplement parce que le chiffre d'affaires dont ils sont à l'origine est en deçà de ce qui a motivé leur cooptation en tant qu'associé du cabinet.

Je ne sais pas si la crise en est la cause essentielle, mais le fait est que le climat général est tendu et que les scissions de cabinets, départs spectaculaires d'associés et, dans une moindre mesure, les disparitions pures et simples de cabinets sont désormais fréquents.

En définitive il semblerait qu’un avocat ne puisse à aucun moment de sa carrière prétendre à une quelconque situation acquise qui lui permettrait de…se laisser porter par les évènements.