lundi 6 juin 2016

Construire un empire...ou pas...

J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer en détails qu'il fallait un projet à court à moyen ou long terme lorsque l'on décidait de s'installer.

Le premier est finalement "le plus simple" en termes de projection.
Il consiste à tenter puis à parvenir à gagner correctement, voire très bien sa vie en exerçant seul cette profession que l'on pratiquait jusque là sous la forme d'une collaboration libérale.

Une fois cet essai transformé, vous pouvez soit vous battre pour préserver cet acquis le plus longtemps possible, ce qui relève malgré tout d'un véritable challenge en ces temps de crise économique, soit faire de chaque nouvelle opportunité en termes de clientèle, le moyen d'un pari sur l'avenir visant à vous permettre de dessiner, par petite touche, la structure idoine dont vous avez toujours rêvé être à la tête.

D'aucuns pourraient me dire qu'on peut tout à fait faire les deux à savoir préserver ses acquis tout en faisant des paris sur l'avenir .

En l'état, je serai tenté de dire que les deux démarches ne sont pas diamétralement opposées, mais pas totalement complémentaires.

La prise de risque, c'est ce qui vous poussera à réinvestir dans des  recrutements de collaborateurs la quasi totalité de ce qui vous sera apporté par une entrée significative de fonds venant d'un ou plusieurs clients en pariant, au passage, qu'ils seront toujours plus nombreux à vous solliciter, là où à l'inverse la recherche constante de pérennisation de vos acquis est ce qui vous amènera, dans la même situation, à thésauriser ces sommes au prétexte qu'on ne sait pas, indépendamment de ces entrées ponctuelles, de ce que seront faits les prochains mois de votre carrière d'avocat.

C'est là qu'une fois de plus votre tempérament dictera tout ou partie de votre façon d'agir.

L'entrepreneur avocat qui mise sur le développement de sa structure y est souvent contraint par les faits puisqu'il est mis devant la situation de devoir de plus en plus régulièrement fournir à ses clients des diligences qu'il n'est plus en mesure d'assurer seul et qu'il sait pertinemment que les clients qui lui en font la demande pourraient lui reprocher de ne plus se donner les moyens d'être en capacité de le faire, malgré les honoraires conséquents qu'ils lui versent.

Une inertie fautive qui présente, à court ou moyen terme, le risque de vous faire perdre les clients en question, faute d’avoir pu satisfaire à leurs besoins dans le délai imparti.

Quand j'observe les confrères qui exercent autour de moi, et ce, qu'ils aient plus ou autant d'expérience que la mienne, je m'aperçois que la plupart de ceux qui ont développé leurs cabinets de façon importante ne l'ont pas fait sous la forme d'un véritable pari sur l'avenir, mais parce que des opportunités leur ont progressivement permis ou les ont "contraints" à faire coïncider le développement de leur clientèle avec la taille de leur cabinet.

Quoi de plus normal quand on sait qu'un cabinet d'avocats est aussi une entreprise comme une autre...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon cher confrère,

Tout d'abord, merci pour votre blogspot que je suis depuis mes études à la fac!

Je lis avec beaucoup d'intérêt votre parcours.

J'aurais aimé savoir quel est l'élément déclencheur pour se décider à s'installer?

J'ai une petite clientèle personnelle qui croit doucement mais sûrement.

Actuellement, ma rétrocession ne représente plus que la moitié de mes revenus alors même que je suis à temps complet.

Mon développement personnel devient source de tensions... Et je suis frustré de devoir parfois y renoncer pour me consacrer au cabinet...

L'installation commence donc sérieusement à me trotter dans la tête (j'en rêve depuis toujours).

Qu'en pensez vous?

Votre bien dévoué.

Maître Spcial a dit…

Cher Confrère,

De rien pour le blog. Le but est de partager mon expérience. Si cela peut servir à des confrères, vous m'en voyez ravi.

A mon sens, l'élément déclencheur qui doit vous pousser à vous installer est difficile à identifier puisqu'il est propre à chacun d'entre nous.

J'ai néanmoins tendance à penser qu'au delà d'une "simple" envie de s'installer (qui est partagée par de nombreux confrères) :

- l'impression d'être arrivé au bout d'un cycle en tant que collaborateur
- d'avoir moins de choses à apprendre sous ce statut qu'à vos débuts
- d'avoir une vraie difficulté à concilier sereinement clientèle personnelle et clientèle du cabinet
- l'impression que vous ne pourrez pas développer de clientèle personnelle si vous deviez conserver ce statut de collaborateur et que cela vous pèse

...sont autant d'éléments qui poussent, en général, un avocat à s'installer.

Une fois cette première condition remplie, il reste à régler celle de la viabilité de votre structure.

Il est essentiel de pouvoir compter sur une clientèle en devenir (ce qui semble être votre cas) que vous pourrez faire croitre dans les semaines et mois qui suivront l'installation et/ou de fonds propres permettant de voir venir plus ou moins sereinement les premiers mois d'activité et les charges qu'occasionneront cette installation (location, achats de matériels et de fourniture, etc...)

S'installer, c'est se préparer à ne plus vivre que de ce que votre clientèle propre vous rapporte là où jusqu'ici vous pouviez l'envisager comme un bonus à côté de ce que vous rapportait votre contrat de collab'.

Votre bien dévoué,






un avocat en droit administratif a dit…

Bonne et utile leçon d'entrepreneuriat appliquée aux avocats!